Cinéma : La vie de ma mère – Notre avis

Troisième film français sur la bipolarité en 3 ans après « Les Intranquilles » et « Le livre des solutions », je n’étais pas tout à fait tranquille quand la sortie de « La vie de la mère » a été annoncée, me demandant si on allait enfin trouver des solutions pour parler des troubles bipolaires et non plus de la seule psychose maniaco-dépressive qui a disparu du DSM depuis plus de 40 ans mais visiblement pas des écrans… 
Et bim dès les premières scènes du film, un sentiment de malaisance m’envahit… Agnès Jaoui alias Judith surjoue une bipolaire en phase maniaque qui vient de s’évader de sa clinique psychiatrique… Mais je m’accroche, car j’ai envie d’y croire. Je me surprends à lui chercher des circonstances atténuantes : peut-être est-ce lié au combo explosif de mère juive excessive qu’elle doit également incarner pour ce rôle ?
Et puis non, finalement sans surprise, le couperet tombe : on parlera donc ici encore une fois de la bipolarité typique et caricaturale de l’adulte. 

Pierre, 33 ans, est fleuriste et voit ressurgir dans sa vie sa mère Judith qu’il n’a pas vu depuis qu’elle est internée dans une clinique psychiatrique pour ses troubles bipolaires, il y a 2 ans.

La relation mère-fils est brisée depuis longtemps. A travers les non-dits, on devine un passif lourd et un amour qui s’est étiolé à force de crises à répétition.  Pierre n’a donc qu’une hâte : ramener sa mère à la clinique au plus vite pour reprendre le cours de sa vie. 

La seule chose qui semble encore les lier, et que Judith a transmise à son fils, est leur passion commune pour les fleurs.

Le scénario lui aussi très attendu n’hésite pas à utiliser des métaphores plus que grossières : 

Judith est hospitalisée dans une clinique au nom pour le moins évocateur pour prendre en charge ceux qui touchent le fond : “Les Rivages” … Les fleurs, tour à tour fanées ou fraîches, permettent d’illustrer les différentes émotions traversées par Judith. Pour l’instabilité, le choix s’est porté sur une girouette filmée lors d’un plan prolongé…

Mais le plus gênant n’est pas la représentation typique de la bipolarité car cette forme même si elle n’est pas la plus courante existe bel et bien et, avouons-le, c’est de loin la plus cinématographique mais le portrait qui est brossé de la personne atteinte de troubles bipolaires. Agnès Jaoui incarne ici une femme très enfantine voire naïve pour ne pas dire carrément simplette et surtout infantilisée et privée de liberté. Elle semble alors être condamnée (à perpétuité ?) à être internée dans une clinique psychiatrique assommée de médicaments pour y faire des scoubidous à longueur de journée. Le tout entourée d’autres “fous” de son espèce et sans pouvoir ouvrir la fenêtre…

Perspectives peu réjouissantes avouons-le et à mille lieux des campagnes de déstigmatisation actuelles sur la bipolarité et de la réalité de la maladie. 

Cependant le fait que Judith n’ait pas de filtre lui permet d’oser et d’exprimer sans pudeur ses émotions. Cela contribue grandement à rendre son personnage touchant et attachant et finalement plus ancré dans la réalité qu’il n’y parait. Le barman soulignera la chance de Pierre d’avoir une mère qui est “une vraie gentille”, paradoxe que les aidants ont tendance à oublier tant ils sont malmenés aussi par les montagnes russes de la maladie.   

On regrette alors d’autant plus de la voir se faner dans une clinique… 

Ce film illustre néanmoins bien le déni de l’entourage confronté à la bipolarité d’un proche. L’entretien de Pierre avec la psychiatre de sa mère représente un tournant décisif dans le film. Celle-ci explique à Pierre qu’avec son soutien sa mère peut aller beaucoup mieux. C’est à ce moment-là que Pierre -qui nesemble pas faire beaucoup d’efforts depuis le début du film- baisse la garde et nous réconcilie avec son personnage magnifiquement interprété par William Lebghil. Si Pierre est sur la défensive, c’est qu’il est avant tout un homme traumatisé par les épreuves traversées avec sa mère et terrorisé à l’idée de développer la maladie à son tour.

Ce passage met alors le doigt sur un point important : le rôle essentiel de l’entourage dans le rétablissement du malade et la nécessité de se faire accompagner pour y parvenir. Au-delà de la simple obsession de la prise des médicaments, on peut apprendre à mieux comprendre son proche et l’encourager à devenir acteur de sa maladie afin qu’il puisse lui aussi reprendre le cours de sa vie. 

Le bouquet final est prévisible et Julien Carpentier signe donc ici une très bonne comédie à l’eau de rose servie par une excellente distribution mais certainement pas un film sur la bipolarité.

Pour une éducation réaliste

Depuis quelques mois une polémique gonfle et agite la toile : 
la psychologue Caroline Goldman pourfend l’éducation positive et prône la méthode du «time-out». 
De nombreux médias lui ont offert une tribune de choix, il n’en fallait pas plus pour relancer le débat ! 
En psychologie et depuis tout temps, différents courants s’opposent. 
Quel style éducatif adopter ?  
Est-ce le même pour tous les enfants ? Pour toutes les familles ? 
Existerait-il un style universel ? 
Et les parents dans tout ça ?

 

Caroline Goldman pointe du doigt ces dernières années les diagnostics abusifs de bipolarité, TDAH, TOP ou encore les troubles qu’elle qualifie d’imaginaires comme le HPI (Haut Potentiel Intélectuel) ou l’hypersensibilité. La faute, selon elle, à l’éducation positive aussi appelée éducation bienveillante qui laisse les parents en plein désarroi face à leurs progénitures. Ainsi les parents ne sauraient plus fixer de limites éducatives.

A côté de cela l’éducation positive, après un battage médiatique d’envergure, n’est aujourd’hui réduite souvent qu’à des injonctions vidées de leur sens dont les parents peinent à s’emparer quand ils n’en tirent pas un sentiment de culpabilité ! Sans parler de l’hypersensibilité et du HPI (Haut Potentiel Intellectuel) ou encore du HPE (Haut Potentiel Emotionnel) présentés comme des «super-pouvoirs» dans un monde inadapté par les chantres du développement personnel. Rien de mieux pour déculpabiliser quand finalement le problème «c’est les autres» !

Même au sein des associations qui traitent des troubles du comportement chez l’enfant, les avis divergent. Certains n’hésitent pas même à en faire un business juteux. De nombreux livres, stages, conférences, séances de coaching fleurissent sur le sujet pour venir en aide à tous ces parents en perdition…

Enfin rappelons que le Sénat a adopté le 2 juillet 2019 la «loi anti-fessée» relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires.

Dans ce contexte, difficile donc pour les parents de s’y retrouver parmi toutes ces informations multiples et souvent contradictoires. Comment éduquer ses enfants, quand les parents sont eux-mêmes infantilisés ? Comment garder confiance en ses capacités de parent quand vous avez l’impression de faire mal quelle que soit la méthode adoptée ?

Alors les parents du XXIème siècle seraient-ils vraiment de moins bons parents ? Les parents d’aujourd’hui rendraient-ils leurs enfants dysfonctionnels ?  Le «c’était mieux avant» est-il vraiment d’actualité ? Comment démêler le vrai du faux ? C’est ce qu’on vous propose de faire ici pour vous aider à y voir plus clair. 

 
Un peu d’histoire…

Le terme d’éducation positive apparaît pour la première fois à la fin des années 90 du courant de psychologie positive, lancé en 1998.

En 2006, le conseil de l’Europe a défini la parentalité positive de la façon suivante :

“Comportement parental fondé sur l’intérêt supérieur de l’enfant qui vise à l’élever et à le responsabiliser, qui est non violent et lui fournit reconnaissance et assistance, en établissant un ensemble de repères favorisant son plein développement.”

Malgré ce qu’en disent ses détracteurs, l’éducation positive n’est donc pas synonyme de laxisme qui consisterait à céder à tous les caprices de son enfant sans jamais poser de limites.

Au contraire, l’objectif majeur de l’éducation positive est de concilier bienveillance et fermeté pour permettre à l’enfant de devenir plus tard un adulte responsable, épanoui et autonome.  
Elle proscrit le recours à la violence éducative ordinaire et est basée sur le respect des besoins de l’enfant.
Ainsi elle favorise la réparation à la punition. La peur et l’humiliation sont bannies au profit de la responsabilisation. Elle n’instaure pas de rapport de force dominant/dominé mais un rapport de confiance gagnant/gagnant.

Concernant les troubles du neurodéveloppement de l’enfant et les troubles psychiques, les progrès scientifiques de ces dernières années nous ont permis probablement de rattraper le retard de diagnostic. Cela explique donc que nous en parlions plus, tout simplement parce que ces troubles sont aujourd’hui mieux connus et reconnus et donc mieux identifiés même s’il reste encore beaucoup de travail… 

Pour revenir sur la loi Anti-fessée. Considérant que la violence n’est pas un mode d’éducation, la loi prévoit que les titulaires de l’autorité parentale doivent l’exercer sans violence et ne doivent pas utiliser la violence physique (fessées, etc.), verbale ou psychologique, les châtiments et l’humiliation à l’encontre de l’enfant.

Rappelons que le HPI, le HPE ou bien encore l’hypersensibilité ne sont pas des troubles. On ne peut pas attribuer des crises de colère explosives à ces particularités qui ne doivent entrainer que des avantages. S’il y a des répercussions négatives dans la vie de tous les jours de l’enfant dans plusieurs sphères (école, amis, famille) et qui perdurent dans le temps alors on doit rechercher un trouble associé qui pourra mieux les expliquer.

Notons également que les neurosciences nous ont permis de mieux comprendre le développement du cerveau de l’enfant et qu’avant l’âge de 6 ans le cerveau est trop immature pour que l’enfant puisse faire un caprice. On sait également que lorsqu’un enfant est en crise, la partie de son cerveau qui pense, raisonne n’est plus accessible. Il est donc inutile d’éduquer, de raisonner l’enfant à ce moment-là. Mais il sera utile d’en reparler avec lui à froid plus tard.

Et qu’en est-il nous direz-vous de cette méthode du «time out» ? Elle consiste à isoler l’enfant dans sa chambre le temps du retour au calme. Caroline Goldman a une interprétation tout à fait personnelle de cette méthode qu’elle préconise dès 10 mois ! Selon cette psychologue, elle permet de fixer des limites à son enfant et de lui apprendre la frustration. Ce temps est évolutif en fonction de l’âge de l’enfant et de la bêtise qui est punie.  Rappelons que ces recommandations sont supposées s’appliquer pour des enfants exempts de troubles. 

 

Il est vrai qu’il peut parfois être indispensable quand l’enfant dépasse les limites (en particulier quand la violence s’invite) de cesser au maximum les interactions pour ne pas provoquer d’escalade de la violence. Sans pour autant l’ignorer et ne pas être disponible s’il en exprimait le besoin. C’est une façon aussi de sortir l’enfant de sa zone de confort, cette zone où il se permet d’être avec ses parents ce qu’il ne ferait pas avec les autres car il est assuré de leur amour inconditionnel. 

Chez Bicycle nous le préconisons mais dans un cadre très précis et avec davantage de nuances car il faut bien l’avouer dans la «réalité» il est très difficile de mettre un enfant dans sa chambre sous la contrainte ou dans quelque lieu que ce soit quand sa force est décuplée par la colère. Et ne parlons pas de l’adolescence où votre ado fera très rapidement plus d’une tête que vous ! Quel parent n’a pas vécu cette situation de l’enfant incapable de rester au coin ou encore de l’enfant qui s’accroche à votre jambe jusque dans les toilettes ? Et pensez-vous que si lors d’un conflit avec votre patron, il vous renvoyait dans votre bureau cela permettrait de résoudre le problème et que cela vous encouragerait à faire mieux la prochaine fois ?

L’idée n’est pas d’imposer son autorité. C’est avant tout l’enfant que nous impliquons pour qu’il devienne acteur de son trouble et reprenne le contrôle par notre intermédiaire à un moment où il en est incapable. C’est donc avec lui que nous réfléchissons ensemble en amont à une solution en cas de crise. Cela peut être s’isoler dans sa chambre si c’est son choix mais aussi sortir dehors, faire du sport, taper dans un sac de frappe ou dans un coussin dédié, dessiner, … C’est ensuite aux parents d’appliquer ces recommandations validées par le parent lui-même de façon systématique même si l’enfant s’y oppose au moment de la crise. C’est dans la persévérance que réside la réussite de cette idée. 

Quand les enfants deviennent plus âgés, il peut être intéressant pour le parent de s’isoler lui-même en s’assurant qu’il n’y a pas de mise en danger pour l’enfant.

 

Ceci étant posé, il est donc très difficile et pas souhaitable de faire des généralités et d’attribuer une case à chaque enfant.

De la même façon que ce serait un raccourci grossier d’associer tous les troubles du comportement de l’enfant à des diagnostics médicaux (TDAH, TOP ou bipo, …), il en serait de même de faire un amalgame entre éducation positive et enfant roi ou enfant tyran.

Pour éviter cet écueil, il faudrait commencer à admettre que la maltraitance parentale existe mais également que les problèmes de comportement chez l’enfant peuvent aussi ne résulter d’aucune carence éducative et affective. 

Une chose est sûre, quand on pense détenir la vérité absolue, on ne peut pas aider les parents car on va inévitablement être dans le jugement. De plus sous couvert de bon sens, la pensée dogmatique n’est jamais très loin.

 

Mais alors comment faire nous diriez-vous ?


En effet, c’est néanmoins important que les parents puissent accéder à des solutions quand ils sont confrontés à des difficultés avec leurs enfants mais ces «modes d’emploi» ou «méthodes» présentés comme universels donnent une vision très réductrice de nos enfants. Leur cas est peu plus complexe qu’un simple micro-ondes ou qu’une tondeuse à gazon !  Nos enfants ne sont pas des machines qu’on pourrait reprogrammer avec la bonne notice ! C’est totalement occulter le volet émotionnel, celui qui fait si souvent dire à nos enfants «mais de toute façon tu comprends rien !!!»

Et si plus que de procédures les parents avaient besoin d’apprendre à parler la même langue que leurs enfants ? Celle par exemple qui fait entrevoir la tristesse ou la peur derrière une colère. Celle qui nous permet tout simplement de nous comprendre et de continuer à nous aimer quelles que soient nos actions et nos idées aussi différentes ou divergentes puissent-elles être.

 

Si chacun reste sur ses positions sans s’ouvrir à l’autre le débat restera donc stérile.

Partons du principe que ce sont les parents qui connaissent le mieux leurs enfants et cette connaissance sera utile au thérapeute pour trouver des solutions adaptées et personnalisées pour aider les parents et par conséquence l’enfant. 

Gardons en tête qu’il n’existe pas de «recette miracle» ni d’éducation «idéale» mais préconisons une éducation «réaliste» qui tient compte des capacités et des besoins de chacun qui pourra peut-être être encouragée qui sait par une thérapie positive et bienveillante !

Collage : Coralie Morin ©

C’est pas moi, c’est l’antidépresseur !

Visuel d'un ado généré par Midjourney pour Association Bicycle

Oui on en est là aujourd’hui : au stade cours de récréation ! A accuser des cachets dans une boîte jusqu’à en occulter totalement les prescripteurs et sans s’interroger sur les méthodes de commercialisation qui se cachent derrière les produits de santé !

C’est simple, en général c’est la faute soit du « fou » soit du médicament rarement celle du « sachant » protégé par son sérail…
Voilà donc les ficelles d’un fiasco annoncé ou comment avoir bonne conscience quand on est persuadé de détenir la vérité absolue ! 

À la suite du suicide d’un adolescent de 16 ans et d’un jeune de 20 ans, les antidépresseurs sont dans le collimateur de la justice titre cet article de France Info : 

ENQUETE. Les antidépresseurs dans le collimateur de la justice après le suicide d’un adolescent (francetvinfo.fr)

L’article met l’accent sur le danger des antidépresseurs de plus en plus prescrits en particulier chez les jeunes et qui seraient directement responsables de plus en plus de passages à l’acte suicidaire. 
 Comme l’avait été, il y a quelques mois,  le rapport du Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age (qui est d’ailleurs cité dans l’article),  nous jugeons cet article alarmiste et mal renseigné. En effet,  il ne permet pas de comprendre les tenants et aboutissants de la prescription des antidépresseurs chez les jeunes et encore moins leurs conséquences.
Rappelons que les médicaments chez les jeunes ne sont pas trop prescrits  mais sont beaucoup trop mal prescrits, nuance ! Ainsi aujourd’hui quels que soient les troubles du comportement rapportés, les enfants sont traités avec les mêmes médicaments. Le plus souvent ils « tassent » mais parfois  ils font « flamber » les symptômes.

Ainsi dans cet article à aucun moment n’est évoquée la possibilité d’un virage maniaque sous antidépresseur qui est pourtant un effet connu et courant de l’antidépresseur prescrit seul sans protection par un thymorégulateur sur une personne souffrant de troubles bipolaires. Le risque suicidaire est alors particulièrement majoré. 
En général, cet effet de l’antidépresseur suffit même à poser un diagnostic de troubles bipolaires.
Les pédopsychiatres Thierry Delcourt, Mario Speranza ou encore Bruno Falissard  qui réagissent au suicide de l’adolescent de 16 ans se bornent à ce constat : la prise d’antidépresseur chez les jeunes majore le risque suicidaire.
Alors même que les parents rapportent des éléments qui évoquent une élévation de l’humeur manifeste : « Il n’avait plus aucune limite. Il s’est mis à jouer à des jeux d’argent. Tout est parti dans les jeux de foot. Il arrivait à nous faire peur. Il se fâchait contre nous. Tout d’un coup, il faisait une crise, déchirait un poster, cassait des trucs dans la maison, son téléphone par exemple. Il rigolait. Il faisait des plans pour le week-end avec ses copains. »

Comme le rappelle le CTAH (Centre des Troubles Anxieux et de l’Humeur) sur son site dans un dossier consacré à la dépression bipolaire (https://ctah.eu/dossier-depression-bipolaire.php?r=1212) :

« On oublie souvent de rappeler que la dépression est la manifestation clinique la plus dominante dans les troubles bipolaires et de ce fait la plus handicapante. »

De plus d’après de nombreuses études près de la moitié des personnes dépressives seraient en réalité bipolaires. Le véritable défi pour les experts est donc de différencier la dépression bipolaire et la dépression unipolaire. 
Et de préciser que « Le clinicien doit rester vigilant quand il décide de prescrire un antidépresseur pour soigner une dépression ; mais avant de prescrire, il y a une nécessité de dépister systématiquement les indices de bipolarité (hypomanie, cyclothymie, histoire familiale de bipolarité…) et d’examiner de près la nature de l’épisode dépressif (chercher la mixité de l’épisode dépressif). »
Quand un enfant ou un adolescent fait une dépression il a 50% de risque de présenter de ce fait une bipolarité juvénile.

La HAS (Haute Autorité de Santé) le  mentionne également dans ses préconisations sur son site :

« Devant tout épisode dépressif, il est recommandé de rechercher des arguments en faveur d’un trouble bipolaire. Il est important de différencier les troubles bipolaires d’un épisode dépressif caractérisé isolé ou récurrent car le traitement et la prise en charge ne sont pas les mêmes. »

En clair pour une dépression unipolaire on utilisera effectivement un antidépresseur mais pour une dépression bipolaire c’est plutôt un thymorégulateur qui sera le traitement de référence auquel on pourra éventuellement ajouter un antidépresseur car le thymorégulateur viendra protéger le patient d’un éventuel virage de l’humeur qui pourrait être induit par l’antidépresseur.
Rappelons aussi qu’en cas de troubles psychiques, un travail thérapeutique doit toujours être proposé en première intention en particulier chez les enfants et même quand la médication est nécessaire, il doit être maintenu en parallèle.
Une partie est plus spécialement dédiée aux adolescents où il est mentionné que :

« Les adolescents souffrant d’un épisode dépressif et présentant un antécédent familial de trouble bipolaire requièrent une surveillance accrue. »

Pourquoi ? 

Parce que la bipolarité même si elle n’est pas héréditaire présente une forte vulnérabilité génétique. Concrètement cela signifie que l’enfant sera plus à risque de développer un trouble bipolaire et qu’un épisode dépressif devra être surveillé de près pour éviter justement des prescriptions non adaptées qui pourraient mettre sa vie en danger comme expliqué  plus haut.
Or dans 90% des cas qui nous sont rapportés à l’association, l’histoire familiale n’est jamais explorée, pire elle est balayée d’un revers de main par les professionnels de santé quand elle est évoquée par les parents. Du fait du retard de diagnostic de ce trouble et de sa méconnaissance, nous conseillons d’élargir la question sur les antécédents familiaux à la dépression, les addictions, les tentatives de suicide et aux personnes originales ou marginales.
Enfin la HAS précise même la nature des symptômes dépressifs chez les jeunes  « Le tableau clinique de l’épisode dépressif à l’adolescence est proche de celui de l’adulte avec quelques particularités : l’irritabilité, l’agressivité, un trouble des conduites, des plaintes somatiques peuvent être au premier plan ».
En effet chez l’enfant comme chez les adolescents, le fait que le cerveau soit en développement n’empêche pas la survenue d’un trouble psychique mais en modifie son expression. Pour cette raison les critères diagnostiques de l’adulte ne s’appliquent pas chez les jeunes ou doivent à minima être adaptés.

L’extrait du rapport d’expertise de l’assistance publique des hôpitaux de Marseille en date du 16 octobre 2023 précise que l’antidépresseur en question, le Deroxat,  comporte un risque accru de desinhibition et de passages à l’acte suicidaire et que ce risque suicidaire doublerait chez les moins de 25 ans.
C’est justement dans cette tranche d’âge que la bipolarité est encore moins investiguée du fait de la controverse qui existe encore aujourd’hui sur le diagnostic précoce.
Il est intéressant de constater que les enfants suicidaires ont été sortis de l’étude avec la mention « labilité émotionnelle ». La labilité émotionnelle correspondant à une série de changements d’humeur avec une instabilité émotionnelle importante.

Le psychiatre et lanceur d’alerte sur les effets indésirables graves des antidépresseurs, David Healy, souligne néanmoins à propos du jeune de 20 ans  « à chaque fois que le psychiatre de Romain a augmenté sa dose d’antidépresseur, son état s’est aggravé. Jusqu’à ce qu’il se tue. Il est donc inconcevable que ce ne soit pas le médicament à l’origine du problème »
Cette remarque est intéressante car à l’association quand un enfant se voit prescrire un antidépresseur et que les parents soupçonnent une bipolarité juvénile ou qu’elle est confirmée par la suite, on observe 3 réactions différentes :

 
– l’antidépresseur n’a aucun effet
ou
– l’antidépresseur a un effet rapide (qui annonce un virage maniaque)
ou
– l’antidépresseur a un effet positif suivi par un épuisement de cet effet dans le temps


Dans ce dernier cas au lieu d’analyser la situation l’antidépresseur est souvent augmenté par le médecin utilisant l’argument qu’il a fonctionné précédemment. Ce qui conduit très souvent alors à la situation décrite par le Dr David Healy c’est-à-dire une aggravation des symptômes avec mise en danger.
Encore une fois , ici, on se limite à une observation, l’éventualité d’une erreur diagnostic n’est même pas évoquée…

L’article préfère s’attarder à faire du sensationnel pour les non-initiés : le médicament a été prescrit hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) !  La belle affaire !  La prescription hors AMM en pédopsychiatrie est très courante, c’est même souvent la règle, la France s’acharnant à ne pas reconnaitre l’existence de troubles psychiques chez les moins de 15 ans et 3 mois…

Cela n’est pas sans rappeler ces dernières années le scandale de la Depakine. Ne prend-t-on pas le problème à l’envers ? 


Et si le vrai problème n’était pas le médicament en lui-même mais l’usage qui en est fait ?


Le médicament n’étant finalement qu’un simple outil dans la mallette des soignants et pas une fin en soi.

Ne serait-ce pas aux troubles psychiques plutôt qu’aux médicaments de bénéficier d’une meilleure information aussi bien auprès des professionnels de la santé que du grand public ?
Dans cette équation complexe, n’oublions pas le lobbying pharmaceutique qui a largement sa part de responsabilité en incitant parfois massivement à la prescription de molécules qui ne sont pas toujours nécessaires. Vous pouvez d’ailleurs consulter tous les conflits d’intérêt des médecins qui doivent obligatoirement être déclarés sur cette page : Accueil — Transparence Santé (sante.gouv.fr)

Quand on voit des enfants dont certains professionnels affirment qu’ils ne sont pas malades et qui se voient malgré tout prescrire des cocktails de médicaments cela a de quoi interroger…

 
Pour illustrer notre propos nous vous partageons le message reçu ce jour d’une maman d’un petit garçon âgé de 10 ans :

« Voici ce que mon fils a essayé depuis l’âge de ses 5 ans :


– Risperdal
– Ritaline
– Abilify
– Strattera
– Quetiapine
– Tercian
– Neuleptil
– Nozinan
– Concerta
– Quetiapine
– Aripiprazole
– Solian
– Sertraline

 
Antécédents familiaux : 
 

– le grand père maternel a toujours été sujet à la dépression, à l’impulsivité (insultes faciles, achats de voitures de luxe sur un coup de tête, alcoolisme. )
– l’arrière grand mère maternelle sujette à la dépression
– l’arrière arrière grand mère connue pour son alcoolisme et sa “méchanceté”
– l’arrière grand père paternel avait une sœur qui a fait plusieurs tentatives de suicide et qui est persuadée d’appartenir à une famille princière


et les diagnostics :


– 4 ans : anxiété sociale
– 5 ans : troubles de l’attachement
– 5 ans et demi : dépression
– 6 ans : TSA type asperger + TDAH
– 9 ans : les psychiatres émettent l’idée d’un Syndrome de Gilles de La Tourette en plus, certains évoquent des troubles psychotiques de type paranoïaque.

– 10 ans dans quelques jours : évocation par la famille d’une BPJ et bon accueil de l’équipe médicale… »

Plutôt que de s’efforcer à trouver des fautifs, si chacun prenait ses responsabilités et que nous cherchions ensemble des solutions pour que nos enfants restent tout simplement vivants et en bonne santé ?

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©Image d'illustration générée par MidJourney pour Association Bicycle

Bicycle coup de coeur cinéma : Le livre des solutions

C’est probablement le film le plus autobiographique de Michel Gondry inspiré de son expérience personnelle lors du tournage de l’adaptation du livre de Boris Vian “L’écume des jours” où sa bipolarité a été diagnostiquée peu de temps après. Le réalisateur le confesse lui-même : le personnage de Marc le représente à 70% !
 
En effet, on suit le parcours de Marc Becker (Pierre Niney), souffrant visiblement de troubles bipolaires et en pleine phase maniaque, qui essaie par tous les moyens de finir la réalisation de son film comme il l’entend alors qu’il vient d’être retoqué par “les cravates” et abandonné par son producteur.
Marc se sent trahi et le vit évidemment très mal. Il décide alors de mettre en place le “plan B” et s’enfuit chez sa tante Denise (Françoise Lebrun) au fin fond des Cévennes avec une partie de son équipe.
Il y a sa monteuse Charlotte (Blanche Gardin) d’une patience sans faille qui finit par céder à sa demande incessante et à monter le film à l’envers, sa dévouée directrice de production Sylvia (Frankie Wallach) qui n’hésite jamais à se lever la nuit pour répondre à toutes ses exigences même les plus farfelues et Carlos (Mourad Boudaoud),  assistant monteur mais surtout homme à tout faire à la fois preneur de son et mécanicien du “camiontage”. 
Marc décide alors d’arrêter ses médicaments car il confie à sa tante qu’il se sent “triste le matin et manipulé l’après-midi” et qu’il a désormais un million d’idées !
En parallèle, Marc se lance dans l’écriture du “Livre des Solutions”, un guide de conseils pratiques pour se motiver et dépasser tous les obstacles.
Pierre Niney  incarne à la perfection “cet attachiant” déjanté rongé par sa créativité et ses angoisses qui est capable dans la même journée d’être à la fois drôle, émouvant, épuisant mais aussi inquiétant quand il devient menaçant avec ses collaborateurs.
Ce qui lui vaudra d’ailleurs de passer son temps à s’excuser puis… à recommencer malgré lui. 
Au-delà de l’aspect invivable voire inadapté du personnage, il faut souligner l’exploit qu’accompli Marc en parvenant à diriger un orchestre pour la bande originale de son film alors même qu’il n’a pas la moindre notion musicale ou bien encore lorsqu’il réussit à convaincre un artiste de renom d’y participer. Ce film montre aussi que les personnes souffrant de troubles bipolaires sont aussi capables de soulever des montagnes quand elles ont une idée en tête. Elles sont ambitieuses, osent et n’ont peur de rien, des qualités et personnalités dont le monde a probablement besoin pour le faire avancer.
 
Vous vous retrouverez sûrement dans le personnage de Denise qui nous rappelle l’importance de l’entourage dans cette maladie. En effet Denise ne juge pas et est toujours là pour accompagner, rassurer et canaliser son impétueux neveux. Denise veille et tempère tout en douceur Marc pour le préserver de tous ses excès tel son phare dans la tempête. C’est cet amour inconditionnel qui permettra à Marc de conserver un minimum d’équilibre et de se reprendre dans de nombreuses situations.
 
Vous l’aurez compris tous les ingrédients sont donc réunis pour faire de ce film, un film tendre, absurde mais aussi poignant d’où on ressort dérouté. Et malgré le chaos ambiant Michel Gondry réussit le tour de force de nous capter à sa manière si particulière sans jamais nous perdre.
 

Certains pourraient y voir un film caricatural sur la bipolarité, pour nous proches aidants il s’agit plutôt d’un concentré de réalité qui nous permet de prendre du recul sur notre quotidien parfois un peu compliqué pour ne pas oublier les immenses qualités de nos cyclokids et tous les talents dont ils sont capables ! Un film qui devrait être remboursé par la sécurité sociale à aller voir d’urgence !

https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=297560.html

13% des élèves de 6-11 ans concernés par un trouble de santé mentale ?

D’après un article de santementale.fr, Santé publique France vient de publier les tout premiers résultats d’Enabee, une étude nationale inédite sur le bien-être et la santé mentale des enfants de 3 à 11 ans scolarisés en France métropolitaine. 

Les premiers résultats montrent que 13 % des enfants de 6-11 ans scolarisés du CP au CM2 présentent au moins un trouble probable de santé mentale.

Même si à première vue cela peut sembler une sombre nouvelle, quand on y regarde de plus près il s’agit plutôt si ce n’est d’une avancée tout au moins d’une brèche ! 

En effet, les troubles psychiques ont toujours existé chez les enfants et même chez les très jeunes enfants en âge prépubère comme on les qualifie dans le jargon médical  mais on n’y prêtait pas attention pire on ne croyait pas les parents et on n’écoutait pas les principaux concernés c’est-à-dire les enfants ! 

Preuve en est, il est précisé : « L’originalité de l’étude Enabee repose sur l’intégration pour la première fois du point de vue de l’enfant dans les estimations des troubles émotionnels ». 

Non, quand un enfant parle de mort, ce n’est pas juste pour attirer l’attention de ses parents ou se faire remarquer…

Ne crions pas victoire pour autant, pour l’instant les choses bougent sur le papier, les institutions se donnent bonne conscience mais dans la réalité il en est encore tout autre… 

Ironie du sort : revenons quelques années en arrière. En 2020 précisément, Santé publique France, toujours, avait mandaté le Psycom pour élaborer une cartographie des différents émetteurs de contenus web francophones concernant les troubles psychiques. A notre grande surprise – et amertume on l’avoue- Bicycle avait été écartée de cette cartographie. 

zEn interrogeant le Psycom, il nous avait été répondu que « Le choix des troubles psychiques explorés s’est appuyé sur une analyse des recherches d’information faite par les internautes sur le web (c’était la demande de notre commanditaire, Santé Publique France). Il est apparu que les thèmes traités par votre association « cyclothymie » et « bipolarité chez l’enfant » ne sont pas fréquemment recherchés par les internautes. C’est pourquoi votre association n’a pas passé les filtres du recensement. ».

Rappelons quand même que la grande majorité des outils et des articles que nous mettons à disposition sur notre site traitent de la gestion émotionnelle chez l’enfant. L’instabilité émotionnelle étant au cœur même du trouble bipolaire. 

Dans cette nouvelle étude c’est pourtant les troubles émotionnels et les troubles oppositionnels qui viennent en tête des troubles probables de santé mentale chez les enfants (respectivement 5,6% et 6,6%)… Deux symptômes fréquemment retrouvés dans la cyclothymie de l’enfant.

Quand arrêterons-nous de contourner le problème avec des acronymes tous plus déconcertants les uns que les autres ! Après le TDDE (Trouble Disruptif avec Dysregulation Émotionnelle) le TOP (Trouble Oppositionnel avec Provocation), voilà donc arrivés les TEP (Troubles Émotionnels Probables) ? 

Ne nous arrêtons pas à la longue énumération des symptômes (nos enfants sont plutôt du genre accumulateur avec tendance compulsive : un autre vient s’ajouter à chaque nouveau praticien consulté !) et interrogeons nous sur leur cause ! 

Et s’il était bien probable que vous vous trompiez vous les sachants ? Alors rangez vos jolis mots savants et écoutez les parents et les enfants ! 

Laissons les probabilités aux mathématiciens ! Cela fait longtemps que nous parents nous n’en sommes plus à mesurer le caractère aléatoire de ce qui pourrait se produire. Quoi que vous en disiez c’est déjà en train de se produire et nous avons besoin de soins et d’actions concrètes  aujourd’hui et maintenant.  Et ça, ne vous en déplaise, c’est une certitude. 

Quand vous jouez sur les mots, vous jouez avec la vie de nos enfants ! 

Pour voir l’article de santementale.fr :
Pour revoir notre post de Novembre 2020 :

Prescriptions de psychotropes : nos enfants sont-ils vraiment en surdose ?

Suite à un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA)  plusieurs journaux n’ont pas hésité à  utiliser des titres racoleurs  pour parler de la prescription des psychotropes chez les enfants et les adolescents.

Ainsi Le Parisien annonce en une : « nos enfants en surdose ! » et Le Point rencherit avec son article « alerte sur la prescription de psychotropes aux enfants ».
Lien : https://www.lepoint.fr/sante/sante-mentale-alerte-sur-la-prescription-de-psychotropes-aux-enfants-13-03-2023-2511836_40.php?fbclid=IwAR1fFU_G2r7QFqogrlqAqiLZKEsa6L3eQprh4B9X0H58AiGwQrRJSvoxUYI#lf77iv8ze7vto1tgwq

Nous partageons l’avis du Pr Bonnot, Professeur de pédopsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et chef du service au CHU de Nantes, qui indique sur Twitter qu’il s’agit d’articles mal et peu informés ! : « Oui les moyens manquent pour les prises en charges psychologiques +++, oui les troubles dépressifs et anxieux augmentent mais les psychotropes ne sont pas TROP prescrits ils sont MAL prescrits car les troubles sont MAL repérés » ajoute-t-il.

Rappelons bien sûr que le traitement de première intention chez les jeunes doit toujours être une prise en charge psychologique, idéalement de type TCC (Thérapie Comportementale et Cognitive) mais parfois une médication peut-être nécessaire.

Aujourd’hui en France les médecins restent frileux pour poser un diagnostic psychiatrique chez l’enfant.
Mais force est de constater que certains de ces enfants finiront par devenir tellement dysfonctionnels qu’ils seront malgré tout confrontés à la médication.
Au lieu de soigner la cause on traitera les symptômes et ces enfants seront alors exposés à un cocktail de médicaments non seulement inadaptés mais parfois dangereux.
Il est aujourd’hui urgent en France de traiter la maladie psychique de l’enfant comme la maladie physique : prévention, dépistage et prise en charge le plus précocement possible !

Ces articles sont très alarmistes sur la prescription de « médicaments pour adultes ». Mentionnons que la prescription hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) car c’est bien de cela dont il s’agit est très fréquente en pédopsychiatrie.

Ainsi, la prescription hors AMM s’observe régulièrement chez les enfants, de l’ordre de 40 % en pratique de ville et de 67 % et jusqu’à 94 % à l’hôpital.
Tout simplement car  il n’existe aucun médicament pour l’enfant pour ces indications…
En effet, les troubles de l’humeur ont longtemps été considérés comme des « maladies de l’adulte ». A la lueur de ces explications, ces chiffres n’ont donc rien d’étonnants ni d’alarmants en soi.
Cela confirme juste que cela existe chez l’enfant et qu’il faut les prendre en charge au même titre que pour les adultes.
C’est donc la non prise en charge ou plutôt la mauvaise prise en charge qui doit nous effrayer et nous interpeller.

Concernant la bipolarité de l’enfant par exemple il n’existe qu’un seul médicament qui a cette indication chez l’adolescent de plus de 13 ans. Il s’agit de l’Abilify qui est recommandé « dans le cadre d’un trouble bipolaire pour traiter les épisodes maniaques et pour prévenir les récidives. La durée du traitement doit être aussi courte que nécessaire afin de contrôler les symptômes et ne doit pas dépasser 12 semaines. »
En conséquence il n’existe pas de thymoregulateur « officiel » pour les enfants.
Le lithium est autorisé à partir de 16 ans (âge de la majorité médicale).

Quant à la remarque de Marie-Rose Moro, pédopsychiatre à la Maison de Solenn qui indique que ces médicaments « ont souvent des effets secondaires importants » et que certains « ne sont tout simplement pas très adaptés au cerveau de l’enfant », il est vrai que les neuroleptiques, massivement prescrits en première intention dans la bipolarité à début précoce, présentent bien plus d’effets secondaires que les thymoregulateurs de référence (lithium, anti-épileptiques). De plus sur le long terme, un épuisement thérapeutique nous est souvent rapporté par les familles que nous suivons.

Cependant ne diabolisons pas la prise de médicaments quand elle est nécessaire.
Personne n’hésiterait à medicamenter un enfant diabétique ou un enfant atteint d’un cancer mais la maladie psychique continue d’être stigmatisée. Il faut pourtant considérer le cerveau comme un organe comme un autre.

Rappelons :

• que refuser de poser un diagnostic chez l’enfant est une perte de chance car c’est priver l’enfant et sa famille d’outils de prise en charge non médicamenteuse comme la psychoéducation.

• qu’un enfant non pris en charge c’est aussi une scolarité souvent chaotique et un avenir compromis.

• que le trouble bipolaire est l’une des pathologies psychiatriques les plus graves : 1 malade sur 2 fera au moins une tentative de suicide dans sa vie et 15 % décèderont par suicide.

• une prise en charge précoce c’est faire reculer au maximum la médication et lorsque que c’est nécessaire donner un médicament ciblé avec une posologie en « baby dose » avec l’espoir d’arrêter la médication à l’âge adulte.

Sources :

Cliché n’est pas soigner !

Campagne virale Bicycle

 
« Les idées reçues sont des maladies contagieuses. »
Esther Rochon
 
C’est pour lutter contre ce fléau que Bicycle a le plaisir de vous annoncer le lancement de sa campagne virale “Cliché n’est pas soigner !” en collaboration avec le Dr Hantouche expert des troubles de l’humeur et conseiller scientifique de notre association.
NB : Ces clichés sont le résultat du recueil des réponses les plus couramment données aux parents quand ils évoquent la bipolarité de leur enfant auprès d’un professionnel de santé.

Retrouvez-nous chaque semaine pour la radiographie d’un nouveau cliché !
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Rencontre pour comprendre la bipolarité chez l’enfant

A l’occasion de la semaine du handicap « Un autre regard » organisée par la ville de Viroflay (78), notre Présidente, Laëtitia, était l’invitée de la bibliothèque de Viroflay et interviewé par Laurent Nio, le vendredi 18 novembre à 20H pour un échange autour de son livre et de ce sujet si tabou de la bipolarité juvénile.

C’est à revoir par ici :

CYCLOTHYMIE ET TROUBLES DES APPRENTISSAGES, QUEL LIEN ?

François-Xavier Coudé, Pédiatre

La cyclothymie (trouble de l’humeur) et les troubles des apprentissages (dyslexie, dysplasie, troubles d’atten- tion,...) sont des troubles du comportement de l’enfant habituellement diagnostiqués à l’aide d’un outil de classification américain, le DSM 5. Celui-ci définit les symptômes les plus fréquemment rencontrés dans ces pathologies et le diagnostic est porté si un nombre suffisant de ces symptômes est présent.

En fait, le raisonnement est un peu circulaire. Il est basé sur un consensus d’experts qui détermine les symptômes pertinents d’une pathologie et, si ces symptômes sont présents chez un patient, on considère qu’il a cette pathologie...

Cette classification permet d’étiqueter les patients, ce qui facilite le classement de ceux-ci, par exemple pour l’obtention d’une aide sociale ou scolaire ainsi que pour des essais thérapeutiques, ce qui peut expliquer le succès de ce type d’outils.

Mais le DSM 5 n’est pas un outil diagnostique et il ne permet pas de différencier symptômes et maladies.

L’étude des items DSM 5 chez un enfant consultant pour un trouble des apprentissages ou du comportement montre l’existence quasi-systématique de comorbidités (1,2,3) que ce soit entre trouble des apprentissages (dyslexie vs thada ou dysplasie...), entre troubles du comportement (opposition vs dépression...) ou entre items à priori indépendants (ainsi cyclothymie (4) vs dyslexie...).

L’existence de cette comorbidité quasi-systématique (3), tend à confirmer que les items DSM sont bien des symptômes et non des « maladies autonomes » et donc qu’il doit exister une pathologie primitive responsable de la survenue de ces symptômes.

Avshalom Caspi (2) parle de facteur p à propos de cette comorbidité « psychiatrique ».

Il est tentant de considérer que les troubles comportementaux sont secondaires aux troubles des apprentissages : la cyclothymie ne survient pas suite à la survenue d’une dyslexie (ce qui constituerait un effet secondaire de celle-ci) mais précède habituellement celle-ci ou au minimum survient en même temps.

Quelle pourrait être cette pathologie sous-jacente ?

Il faut peut-être inverser la causalité : et si le trouble de l’humeur induisait le trouble d’apprentissage ou comportemental ?

Spinoza (5) a montré que l’esprit humain est contrôlé par ses émotions avant toute intervention de la raison. La raison elle-même est sous influence des émotions, comme l’a rappelé brillamment Damasio (6) à propos des syndromes préfrontaux acquis et du cas Phineas Gage.

La régulation des émotions semble être un processus inné beaucoup plus que culturel transmis de façon familiale de nature polygénique (probablement > 1000 gènes impliqués).

Une mauvaise régulation émotionnelle est créatrice d’angoisse susceptible d’induire secondairement de façon inconsciente des comportements d’évitement de nature souvent hystérique (clash agressifs, inhibition de certains apprentissages, obsessions, dépression, ...).

Le rétablissement d’une régulation harmonieuse des émotions serait susceptible d’inhiber ces comportements d’évitement.

Au total devant tout trouble d’apprentissage chez l’enfant, il faut :

• déterminer un indice de comorbidité comportementale (facteur p)

• si comorbidité, instituer une régulation médicamenteuse de l’humeur (antiépileptique) avant la prise en charge psychothérapeutique et/ou rééducation

• Suivre régulièrement l’indice de comorbidité ainsi que l’amélioration des troubles d’apprentissage afin d’adapter les traitements.

Références

1 - Robin Pauc : Is that my child ?, Virgin Books Ltd, 2006
2 - Avshalom Caspi and Terrie Moffit : All for One and One for All : mental disorders in one dimension, 2018, American Journal of Psychiatry
3 - Margari Lucia, Buttiglione Maura, Craig Francesco, Cristella Archangelo, de Giamattista Concetta, Matera Emilia, Operto Francesca and Simone Marta : Neuropsychopathological comorbidities in Learning disorders, BLC Neurology, 2013, 13 : 198
4 - Elie Hantouche, Barbara Houyvet, Caline Majdalani : Cyclothymie, J. Lyon, Paris, 2012 5 - Balthazar Thomas : Etre heureux avec Spinoza, Eyrolles, 2008
6 - Antonio R. Damasio : L’erreur de Descartes : la raison des émotions, Paris, Odile Jacob, 2008

LES TROUBLES DYS

La cyclothymie rime souvent avec difficultés scolaires qui ne sont pas liées uniquement aux problèmes thymiques : manque d’attention, hyperactivité, dyslexie, dyscalculie, ...
Ces difficultés peuvent aller jusqu’à l’échec scolaire, voire jusqu’au refus scolaire.

Aujourd’hui, beaucoup d’enfants reçoivent des diagnostics de troubles « multi-dys » et/ou de TDAH c’est-à-dire que plusieurs troubles importants des apprentissages structurels et durables ont été identifiés auxquels sont quasi systématiquement associés des difficultés à gérer les émotions.

Les émotions présentes dans les troubles d’apprentissage sont-elles de nature "bipolaire" et la cause ou conséquence des troubles d’apprentissages ?
Les troubles des apprentissages doivent-ils faire partie du panel de symptômes, à la fois signes d'appel et éléments du diagnostic, de la cyclothymie juvénile ?

On aime l’approche de Sylvie Jacques et Rémi Samier, orthophonistes qui nous font un état des lieux sur les différents troubles d’apprentissage. En effet, ils abordent non seulement les facteurs de risque, mais surtout les facteurs protecteurs sur lesquels on peut agir ! La recherche de solutions, c’est bien ce qui nous anime chez Bicycle !

DES TROUBLES DYS- AUX TROUBLES NEURODÉVELOPPEMENTAUX (TND)

Sylvie JACQUES et Rémi SAMIER
Orthophonistes, formateurs
et auteurs apstraco.fr

Pendant longtemps, on a parlé des dys- sans distinguer les dys-causes et les dys-conséquences.
Les dys-causes sont des anomalies cognitives résultant d’un dysfonctionnement des réseaux cérébraux, par exemple les dysphasies, dyspraxies, etc.

Les dys-conséquences sont les symptômes observables lors des apprentissages : les dyslexies, dysorthographies, dysgraphies, dyscalculies.

Dans le domaine des dys-, les conceptions, les terminolo- gies et les critères diagnostiques ont beaucoup évolué ces dernières années. Aujourd’hui, un consensus international recommande l’utilisation des termes « troubles neurodéveloppementaux » (TND) dans lesquels les troubles dys-, qu’ils soient dys-causes ou dys-conséquences, sont inclus.

LES PRINCIPAUX TND

Les troubles neurodéveloppementaux résultent d’une atteinte du développement cérébral, ce qui affecte un ou plusieurs champs de la cognition (traitement cérébral de l’information impliqué notamment dans les apprentissages).

Les troubles neurodéveloppementaux sont fréquemment associés entre eux et peuvent résulter d’un ou plusieurs dysfonctionnements cognitifs.

Les TSA, Troubles du Spectre Autistique, affectent la communication et les interactions sociales. Ils se traduisent également par des intérêts restreints et des comportements répétitifs.

Les TDI, Troubles du Développement Intellectuel, correspondent à une limitation du fonctionnement intellectuel et des capacités d’adaptation dans la vie quotidienne.
Les TDL, Troubles Développementaux du Langage (ensemble de troubles du langage plus large que celui des dysphasies), se définissent par une atteinte significative et durable du langage oral qui peut toucher l’expression et/ou la compréhension.

Les TDC, Troubles Développementaux des Coordinations (dyspraxies et troubles des acquisitions motrices et des coordinations), affectent de façon significative et durable le développement des habiletés motrices et des coordinations.

Les TDAH, Troubles du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité, se caractérisent par trois catégories de symptômes : déficit d’attention, hyperactivité, impulsivité. Les TA, Troubles des Apprentissages, regroupent les troubles de la lecture, de l’orthographe, de l’écriture et des mathématiques.

Différentes critiques sont formulées par les professionnels au sujet de cette classification.
Premièrement, certains spécialistes du TDAH estiment que l’appellation « trouble du déficit de l’attention » n’est pas adaptée à la réalité des personnes présentant un TDAH car le trouble de l’attention n’est pas permanent, mais lié à un contexte stressant ou ennuyeux.

Deuxièmement, la classification de ces différents TND se fait à partir de l’observation des symptômes et des comportements et ne prend pas en compte l’analyse des causes cognitives qui peuvent expliquer ces symptômes. Comme les connaissances et les recherches sur ces domaines ne cessent d'avancer, il est vraisemblable que cette classification et les appellations des troubles conti- nueront d'évoluer dans le futur.

DIAGNOSTIC ET PRISE EN CHARGE DES TND

Il convient de consulter dès que des symptômes sont observés dans un ou plusieurs champs de la cognition: langage, communication, interactions, motricité, attention, apprentissages, etc. Certains symptômes peuvent être observés et pris en charge très tôt dans le développement (premiers mois de vie), d’autres apparaîtront plus tard (premières années de scolarisation) mais seront aussi à prendre en compte le plus tôt possible.

Il est important de prendre en charge ces troubles et de mettre en place les aménagements scolaires nécessaires, même si un diagnostic n’est pas encore posé. Le diagnostic des TND s’appuie sur une approche pluridisciplinaire, ce qui peut prendre du temps.

Ce diagnostic pluridisciplinaire permet d’effectuer un diagnostic différentiel (démarche pour écarter d’autres troubles présentant des symptômes proches) et de rechercher d’éventuels troubles associés (troubles anxieux, troubles de l’humeur, etc.).

Ce diagnostic pluridisciplinaire sert également à distin- guer les causes au niveau cognitif et les conséquences sur les apprentissages et sur la vie quotidienne.

En résumé, le diagnostic des TND s’appuie sur différentes étapes :
- analyser les symptômes et les comportements
- effectuer un diagnostic différentiel

- rechercher les causes des dysfonctionnements cognitifs sous-jacents
- évaluer le retentissement des troubles.

Pour éviter l’errance diagnostique et être accompagné dans le parcours de soins, il peut être intéressant de se rapprocher des associations de parents d’enfants avec TND, notamment lors des colloques organisés chaque année par ces associations dans différentes villes de France.

Au niveau des prises en charge, il existe différents types d’approches qui peuvent être associés entre eux.
La rééducation consiste en un entraînement des fonctions cognitives déficientes en vue d’une amélioration. L’approche métacognitive permet au patient de prendre conscience de ses difficultés et de leur répercussion, d’apprendre des stratégies pour y faire face, d’intérioriser des mécanismes de contrôle et des capacités d’autorégulation.

Si les progrès restent difficiles, des stratégies de compensation sont développées en s’appuyant sur la métacognition et sur des aides techniques ou humaines. Par exemple, l’écriture sur ordinateur peut être proposée pour pallier un trouble sévère du graphisme.

L’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) vise le développement de l’expertise (connaissances du trouble) et de l’autonomie chez le patient et son entourage pour améliorer la qualité de vie au quotidien. L’ETP est centrée sur le patient et non sur le trouble.

Il est important d’avoir une prise en charge pluridisciplinaire coordonnée pour définir les priorités thérapeutiques afin de ne pas surcharger la vie de l’enfant par de multiples rééducations.

VIVRE AVEC SON TND AU QUOTIDIEN

Les enfants passent une grande partie de leur vie à l’école. Pour un enfant avec un ou des TND, c’est le lieu où s’expriment tout particulièrement ses difficultés et la souffrance qui peut y être associée. Les difficultés scolaires, qui sont souvent au premier plan, amènent les parents à entamer une démarche diagnostique.

Les enseignants sont en première ligne pour le repérage des signes d’appel des TND. Cependant, il n’est pas toujours évident de savoir quelle conduite tenir…

En présence de signes d’appel, plusieurs principes s’imposent :

– Principe de sincérité : prévenir les parents qu’une consultation serait bénéfique auprès d’un médecin coordinateur (service de médecine scolaire, médecin traitant, pédiatre, pédopsychiatre, médecin de rééducation fonctionnelle, etc.).

– Principe de prudence : ne pas parler de dys- ou de TND, tant qu’un diagnostic n’est pas posé, mais de difficultés.

– Principe de mise en situation de réussite : proposer des stratégies et des aménagements pédagogiques quand les difficultés sont persistantes, même si un diagnostic n’est pas encore posé.

– Principe de bienveillance : croire en la bonne volonté de l’élève.

Le cerveau des enfants est en plein développement et est extrêmement sensible au manque de sommeil, à une mauvaise hygiène de vie et au stress. Pour inviter enfants et adultes à prendre soin de leur cerveau, on peut se référer aux ressources et à la vidéo proposées par « Un cerveau en pleine forme » de MyBrainRobbie.org, https://mybrainrobbie.org/fr/

Nos modes de vie sont parfois très éloignés des conseils donnés pour prendre soin de son cerveau, mais dans la mesure du possible, il est important de veiller :

- à un nombre d’heures de sommeil suffisant (3-5 ans = 11-13 h, 5-12 ans = 10-11 h, 12-18 ans = 8-10 h) pour consolider les apprentissages, faciliter la concentration et la régulation des émotions ;

- à une alimentation variée et équilibrée pour apporter au cerveau les nutriments dont il a besoin pour se développer; 

- à des temps d’activités physiques, de loisirs et de jeux pour expérimenter et manipuler d’où une utilisation raisonnée et contrôlée des écrans ;

- à la prise en compte des situations de stress pour réduire leur impact sur le développement de l’enfant ;

- au maintien d’une ambiance bienveillante malgré les situations de crise.

En fonction des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne, un accompagnement par des professionnels peut être une aide.

Derrière les TND

Les TND peuvent être associés entre eux mais peuvent aussi être en lien avec d’autres troubles : épilepsie, syndromes génétiques, troubles anxieux, troubles de l’humeur, etc. Ces différents troubles peuvent se cacher les uns les autres en fonction des symptômes observés en premier lieu. Le diagnostic prend donc du temps et peut évoluer avec le développement de l’enfant. C’est un processus dynamique qui n’est pas figé.

Lorsque la situation stagne malgré les prises en charge, il peut être intéressant de poursuivre les investigations afin de ne pas passer à côté d’un trouble caché. Le danger est d’enfermer l’enfant dans des catégories, de rester sur des a priori ou des diagnostics antérieurs qui vont empêcher d‘aller plus loin dans la démarche diagnostique.

Une bonne analyse des facteurs de risque et de protection dont le bien-être de l’enfant dépend, permet de lutter contre l’immobilisme et le fatalisme : « la situation de cet enfant est inextricable », « on ne peut rien faire pour lui », etc.

Les facteurs de risque augmentent la probabilité d’apparition du trouble car l’accumulation des facteurs de risque dépasse les capacités de résilience (capacité à faire face aux difficultés de la vie) de l’enfant.

Exemples de facteurs de risque au niveau de l’individu : 

- peu d’estime de soi

- troubles du langage

- maladies

- consommation de substances psychoactives

- sédentarité

- mauvaise alimentation

- troubles du sommeil

- troubles de l’humeur

- anxiété, stress

 

Exemples de facteurs de risque au niveau de l'environnement :

- isolement

- négligence, conflit familial

- maltraitance, violence

- difficultés scolaires

- faible statut socio-économique

- manque d’accès à des services de soutien

- stigmatisation et discrimination

 

Les facteurs de protection aident à prévenir le développement ou l’aggravation d’un trouble.

 

Exemples de facteurs de protection au niveau de l'individu :

- estime de soi, confiance

- qualités de communication

- bonne santé

- activité physique

- bonne alimentation

- sommeil de qualité

 

Exemples de facteurs de protection au niveau de l’environnement :

- soutien de la famille et des amis

- bonne interaction familiale

- sécurité physique et affective

- réussite scolaire

- sécurité économique

- accès à des services de soutien

- participation valorisée et sentiment d’appartenance

 

Cette approche permet aussi de cibler les priorités en développant des actions pour réduire les facteurs de risque mais aussi en favorisant l’émergence de facteurs de protection.

Souvent, les facteurs de protection sont négligés dans les modalités thérapeutiques au profit d’une analyse sur la nature des troubles ou sur un ciblage des facteurs de risque.

L’adoption précoce de facteurs de protection aide à gérer plus efficacement les facteurs de risque et à réduire le développement de problèmes qui affectent le bien-être des enfants.

 

Pour finir

Grâce à la recherche, les concepts, les diagnostics et les prises en charge des troubles neurodéveloppementaux ont évolué et continueront d’évoluer dans les années à venir. La médiatisation menée par les associations de parents et l’implication des enseignants ont contribué à la mise en place des aménagements et des compensations en classe. Même si des inégalités sont encore visibles, le quotidien et le bien-être des enfants présentant des TND s’améliorent.

Pour aller plus loin

Troubles dys- et troubles neurodéveloppementaux :

Conférence sur les troubles du neurodéveloppement par Vincent des Portes. Semaine du Cerveau 2019. (2019).

https://www.youtube.com/watch?v=v9PKDPHZwFo

Neuropsychologie et troubles des apprentissages chez l’enfant. Mazeau, M., & Pouhet, A. (2014). Paris : Elsevier Masson.

Difficultés scolaires ou troubles dys? Pouhet, A., & Cerisier-Pouhet, M. (2016). Retz.

Neuropsychologie et stratégies d’apprentissage. Samier, R., & Jacques, S. (2019). Paris : Tom Pousse.

Remédiation cognitive :

Rééducation cognitive chez l’enfant : Apport des neurosciences, méthodologie et pratiques. Seguin, C. (2018). Louvain-La-Neuve (Belgique) : De Boeck supérieur.

Analyse par facteurs de risque et par facteurs de protection :

La prise en charge des troubles du comportement du jeune enfant : Manuel à l’usage des praticiens. Roskam, I., Nader-Grosbois, N., Noël, M.-P., & Schelstraete, M.-A. (2017). Bruxelles : Mardaga.