C’est probablement le film le plus autobiographique de Michel Gondry inspiré de son expérience personnelle lors du tournage de l’adaptation du livre de Boris Vian “L’écume des jours” où sa bipolarité a été diagnostiquée peu de temps après. Le réalisateur le confesse lui-même : le personnage de Marc le représente à 70% !
 
En effet, on suit le parcours de Marc Becker (Pierre Niney), souffrant visiblement de troubles bipolaires et en pleine phase maniaque, qui essaie par tous les moyens de finir la réalisation de son film comme il l’entend alors qu’il vient d’être retoqué par “les cravates” et abandonné par son producteur.
Marc se sent trahi et le vit évidemment très mal. Il décide alors de mettre en place le “plan B” et s’enfuit chez sa tante Denise (Françoise Lebrun) au fin fond des Cévennes avec une partie de son équipe.
Il y a sa monteuse Charlotte (Blanche Gardin) d’une patience sans faille qui finit par céder à sa demande incessante et à monter le film à l’envers, sa dévouée directrice de production Sylvia (Frankie Wallach) qui n’hésite jamais à se lever la nuit pour répondre à toutes ses exigences même les plus farfelues et Carlos (Mourad Boudaoud),  assistant monteur mais surtout homme à tout faire à la fois preneur de son et mécanicien du “camiontage”. 
Marc décide alors d’arrêter ses médicaments car il confie à sa tante qu’il se sent “triste le matin et manipulé l’après-midi” et qu’il a désormais un million d’idées !
En parallèle, Marc se lance dans l’écriture du “Livre des Solutions”, un guide de conseils pratiques pour se motiver et dépasser tous les obstacles.
Pierre Niney  incarne à la perfection “cet attachiant” déjanté rongé par sa créativité et ses angoisses qui est capable dans la même journée d’être à la fois drôle, émouvant, épuisant mais aussi inquiétant quand il devient menaçant avec ses collaborateurs.
Ce qui lui vaudra d’ailleurs de passer son temps à s’excuser puis… à recommencer malgré lui. 
Au-delà de l’aspect invivable voire inadapté du personnage, il faut souligner l’exploit qu’accompli Marc en parvenant à diriger un orchestre pour la bande originale de son film alors même qu’il n’a pas la moindre notion musicale ou bien encore lorsqu’il réussit à convaincre un artiste de renom d’y participer. Ce film montre aussi que les personnes souffrant de troubles bipolaires sont aussi capables de soulever des montagnes quand elles ont une idée en tête. Elles sont ambitieuses, osent et n’ont peur de rien, des qualités et personnalités dont le monde a probablement besoin pour le faire avancer.
 
Vous vous retrouverez sûrement dans le personnage de Denise qui nous rappelle l’importance de l’entourage dans cette maladie. En effet Denise ne juge pas et est toujours là pour accompagner, rassurer et canaliser son impétueux neveux. Denise veille et tempère tout en douceur Marc pour le préserver de tous ses excès tel son phare dans la tempête. C’est cet amour inconditionnel qui permettra à Marc de conserver un minimum d’équilibre et de se reprendre dans de nombreuses situations.
 
Vous l’aurez compris tous les ingrédients sont donc réunis pour faire de ce film, un film tendre, absurde mais aussi poignant d’où on ressort dérouté. Et malgré le chaos ambiant Michel Gondry réussit le tour de force de nous capter à sa manière si particulière sans jamais nous perdre.
 

Certains pourraient y voir un film caricatural sur la bipolarité, pour nous proches aidants il s’agit plutôt d’un concentré de réalité qui nous permet de prendre du recul sur notre quotidien parfois un peu compliqué pour ne pas oublier les immenses qualités de nos cyclokids et tous les talents dont ils sont capables ! Un film qui devrait être remboursé par la sécurité sociale à aller voir d’urgence !

https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=297560.html

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