Love We Need : un concert caritatif vibrant au profit de l’association Bicycle

Samedi 15 novembre, à 19h, l’Espace André-Malraux d’Herblay-sur-Seine a résonné au rythme de la solidarité et du rock. Le concert caritatif Love We Need, organisé au profit de l’association Bicycle, a rassemblé un public nombreux venu soutenir notre cause tout en profitant de trois performances musicales d’une grande énergie.

En intro, petite nouveauté, un petit film de quelques minutes a été diffusé. Il a permis de présenter le rôle de Love We Need, les actions de Bicycle et le trouble expliqué par les enfants. Les fonds récoltés permettent de financer nos ateliers Tandem.

The Shamallows : l’ouverture punk-rock qui secoue la salle

La soirée s’est ouverte avec The Shamallows, jeune formation issue du conservatoire d’Herblay. Le groupe a donné le ton avec une setlist percutante, puisant dans les références du punk et du rock alternatif : Radio Head, Green Day, System of a Down, Red Hot Chili Peppers ou encore Rage Against the Machine et Måneskin. Une entrée en matière puissante, parfaitement calibrée pour lancer l’événement.

Session B : l’élégance blues-rock

Le relais a été assuré par Session B, groupe blues-rock d’Herblay, qui a offert un moment plus suave mais tout aussi intense. Albert Collins, T Bone Walker, Shotgun Sawyer, The Doors…

Parmi les reprises marquantes, leur version de “I Put a Spell on You” (Sceaming Jay Hawkins) a clairement envoûté le public, portée par une maîtrise musicale affirmée et une belle complicité scénique.

He’s Not : la révélation confirmée

La soirée s’est conclue en apothéose avec He’s Not, groupe originaire du Val d’Oise, remarqué au dernier Festival Rock en Seine lors du concours Tremplin Première Seine de la Région Île-de-France. Le quatuor a livré une performance impressionnante.

« Ce qu’il faut savoir sur nous, c’est que nous sommes là pour vous faire profiter et prendre un bon shoot d’émotion. »

Dès les premières notes de leur titre phare “Stronger than you” (à écouter par ici https://youtu.be/M2GiK_iQrWs?si=1UPN_iD74L5iEXI- ) la voix chaude, nuancée, post-punk-pop de la chanteuse-guitariste capte l’attention. Le reste du groupe n’est pas en retrait : Lena la bassiste et Margot la guitariste rythmique occupent brillamment l’espace avec leur stylisme en accord avec le son du groupe quand Raphaël le batteur, sous ses airs de bon élève au premier abord, appui brillamment l’ensemble, tissant un univers sonore psyché et puissant qui n’est pas sans rappeler les Pixies, dont ils ont interprété l’unique reprise de leur prestation.
Set list : Stronger than you, Time machine, Safer, Enough, Monkey gone to heaven (cover de Pixies), Back again, YES!!

A noter les belles paroles de Laura qui a remercié plusieurs fois Love We Need de leur permettre de jouer au profit de la belle cause de Bicycle !

Un moment musical généreux et engagé

Entre énergie punk, groove blues-rock et fraîcheur indie-psyché, la soirée Love We Need a parfaitement rempli sa double mission : offrir un concert de qualité et soutenir l’action de notre association Bicycle. Encore une belle édition pour laquelle le public à bien pris rendez-vous, grâce à l’engagement des bénévoles de Love We Need, de Bicycle et bien-sûr des formidables artistes qui chaque année nous font le plein d’émotions vibrantes, encore merci à eux 💝

Illustration : Thymie, la mascotte de l’association Bicycle par RicoGripoil.

Brèves de salle d’attente – épisode 1

Chaque jour nous recevons des dizaines de messages. 
Des appels au secours la plupart du temps mais aussi parfois des témoignages remplis d’espoir qui nous incitent à poursuivre notre engagement.

Le constat est dramatique et sans appel : même si chaque histoire est singulière, elles sont toutes similaires. 

Parce que ces situations sont indignes de notre pays, que les promesses sont insuffisantes et qu’il est urgent de prendre des mesures concrètes, nous avons décidé d’en retranscrire certaines.

Des cas cliniques, des faits, juste des faits, sans commentaire, comme un état des lieux de la prise en charge de la santé mentale des enfants et des adolescents en France et de l’ampleur de la méconnaissance des troubles psychiques dans cette tranche d’âge. 
Parce qu’il n’y a pas de discours plus puissant que le vécu des familles.
Parce qu’on ne peut rien objecter à la réalité qui ne relève ni d’une opinion ni d’une croyance. 

➡️ Pour alerter,
➡️ Pour arrêter d’attendre 
➡️ Pour faire réagir,
➡️ Pour agir,
➡️ Pour que personne ne puisse plus jamais dire « on ne savait pas »…
➡️ Pour que chacun prenne ses responsabilités.

En tant qu’association de parents, nous avons pourtant des solutions simples à proposer et nous ne demandons qu’à être entendu. 

Et vous, vous feriez quoi ?

Commentez. Partagez. Témoignez.
Pour qu’il ne soit plus jamais trop tard.

Cas clinique :

Baptiste a 13 ans et est suivi depuis ses 7 ans. Il a reçu les diagnostics suivants : THPI puis  TDAH massif avec dérégulation émotionnelle et TOP.
Il a des pensées suicidaires et sa scolarité est ingérable
Il est sous Quazym matin et soir et sous Abilify.
Malgré tout il fait des crises clastiques dont il ne se souvient pas et a maintenant des accès de violence physique envers les autres et peut menacer les adultes.
Il a une reconnaissance de handicap à 80 %.
Malgré un suivi très important (psychomotricité, psychologie, ergothérapie) et un cadre familial bienveillant et cadrant, il paraît impossible aux parents que les diagnostics reçus pour leur enfant soient à eux seuls responsables de ces comportements tellement inadaptés et de cette incapacité à gérer la moindre frustration et contrainte. 
Les parents s’interrogent sur une éventuelle bipolarité juvénile d’autant plus qu’au niveau des antécédents la grand-mère de Baptiste était bipolaire mais les parents se cognent à la réponse de la pédopsychiatre qui malgré le fait que les parents soulignent qu’elle soit très compétente et soutenante leur répond qu’aucun diagnostic de ce type ne peut être posé avant l’âge de 18-20 ans… 
Que tout peut évoluer dans un sens ou dans l’autre et que le prendre en charge trop tôt pour la bipolarité, si jamais le diagnostic n’est pas le bon, pourrait aggraver la situation…
Seulement ses parents ne voient pas comment la situation pourrait être plus grave.
Ils se demandent s’il faut vraiment attendre ses 20 ans et qu’il ait loupé sa scolarité et une partie de son avenir alors qu’il a des capacités incroyables.
Mais aussi s’il faut qu’ils envisagent une séparation pour souffler une semaine sur deux alors qu’ils n’ont aucune envie de se séparer. 
Sans parler de son petit frère de 3 ans qui vit dans la tension permanente et les cris…
Baptiste en est à son 4ème établissement scolaire après avoir même essayé les écoles hors contrat et hors de prix en faisant 2 heures de route par jour…
Il est annoncé à la famille un an minium d’attente pour l’Itep (pour lequel les parents sont convaincus que leur fils n’a pas sa place), 2 ans d’attente pour l’hôpital de jour.
Les parents sont au bord de l’épuisement, ils réclament de l’aide et ont même envisagé de saisir le JAF pour que leur fils soit placé alors qu’ils sont convaincus que la solution n’est pas là non plus…
Cette famille habite dans le sud de la France mais est prête à faire des kilomètres pour trouver une solution et soigner leur enfant.

La santé mentale grande cause sémantique

Après le décès de la surveillante poignardée à mort par un collégien de 14 ans devant son établissement à Nogent (Haute-Marne), la presse a rapidement rapporté les propos du procureur qui indique que ce jeune ne présente « aucun signe évoquant un possible trouble mental ». Et d’ajouter qu’il « n’exprime pas de regrets ni aucune compassion pour la victime ». De plus son acte était prémédité car il avait consciemment emporté un couteau de cuisine avec l’intention de s’en prendre à une surveillante. 

L’enquête nous apprend qu’il est même « référent harcèlement » et qu’il est issu d’une « famille unie et insérée professionnellement » qui ne présente « aucun antécédent judiciaire ». 

Sa couleur de peau et sa religion ne peuvent même pas rassurer les plus populistes d’entre nous.

Rien ne semble alors expliquer un tel geste. 

Le pays se fige et les parents parfaits sont en PLS. En France on a toujours besoin de trouver un coupable, ça rassure et ça évite de se remettre en question.

Si ce jeune n’est pas malade, est-ce notre société qui est capable d’engendrer de tels monstres ? Dans tous les cas, elle est responsable de ne pas savoir les accompagner. 

Heureusement le gouvernement s’empresse de trouver de nouvelles hypothèses, la faute aux réseaux sociaux (qu’il fréquentait peu) et aux cuisines (enfin aux couteaux qui s’y trouvent). 

Mais heureusement sur les réseaux sociaux, ceux là même qui prônent leur interdiction et s’insurgent contre la violence, déversent leur haine et ne tardent pas à trancher  : les parents ne savent plus élever leurs enfants, à leur époque, une bonne paire de baffes et cela aurait été réglé. Eux, des coups ils en ont reçus et ça ne les a pas tués !

Parfois, souvent, surtout en matière de faits divers,  quand la presse s’en mêle, elle s’emmêle dans les dénominations quand ce ne sont pas les personnes dont elle rapporte les propos, ajoutant à la confusion générale.  

Mais alors qu’appelle-t-on un « trouble mental » ? 

Pour le grand public, une personne qui souffre d’un trouble mental, c’est un « fou », un « déséquilibré », un « détraqué »,  un « cinglé », un « dingue », un « dégénéré » qui commet des actes graves, dangereux et répréhensibles. La langue française n’est pas avare de termes péjoratifs pour les désigner. Dans l’imaginaire collectif, c’est celui qui est capable de tuer. C’est aussi celui qui mérite d’être enfermé au mieux dans un centre psychiatrique fermé au pire dans une prison jusqu’à la fin de ses jours. 

Aujourd’hui les professionnels de santé utilisent essentiellement 2 classifications psychiatriques pour les aider à la pose d’un diagnostic de trouble mental, le DSM-5 (Manuel Diagnostique et Statistiques des Troubles Mentaux) qui est publié par l’Association Américaine de psychiatrie et la CIM-11 (Classification internationale des maladies) publiée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

Ces classifications décrivent les symptômes et les critères diagnostiques de chaque trouble mental. 

D’après l’OMS un trouble mental se caractérise  par une altération majeure, sur le plan clinique, de l’état cognitif, de la régulation des émotions et du comportement d’un individu. Il s’accompagne généralement d’un sentiment de détresse ou de déficiences fonctionnelles dans des domaines importants. 

Les troubles mentaux peuvent être d’origines très différentes, chroniques ou permanents, il sont souvent qualifié d’handicaps invisibles. 

On peut différencier différentes grandes catégories de troubles mentaux. Ainsi on retrouve dans ces classifications :

  • les troubles neurodéveloppementaux : TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité), TSA (Trouble du Spectre Autistique), TDI (Trouble du Développement Intellectuel), …
  • les troubles psychiques  appelés aussi troubles psychiatriques : troubles bipolaires, schizophrénie, troubles anxieux, …
  • les troubles de la personnalité : TPL (Trouble de la Personnalité Limite), TPA (Trouble de la Personnalité Antisociale),…

Il est à noter que les particularités comme le HPI (Haut Potentiel Intellectuel) ou THPI (Très Haut Potentiel Intellectuel), HPE (Haut Potentiel Emotionnel) ou l’hypersensibilté ne sont pas des troubles et ne figurent donc pas dans ces classifications.

Parfois les mots « maladie » et « handicap » viennent se greffer à ces différentes appellations ajoutant des nuances parfois subtiles mais revendiquées par les intéressés ou les familles concernées. 

Un TND (Trouble du Neurodéveloppement) est le résultat d’un développement atypique du cerveau présent dès la naissance ou apparaissant dans la petite enfance. Ces troubles influencent la manière dont le cerveau traite l’information, perçoit le monde et interagit avec lui. Ils sont constitutifs de la neurologie de l’individu. 

C’est pourquoi, par exemple, les personnes autistes et leurs familles rejetent massivement l’idée que les TSA soient une maladie et parfois même un trouble.  En effet, elles considèrent qu’il s’agit plutôt d’une manière différente de penser qu’un réel trouble en soi. C’est pourquoi les critères diagnostiques dont la fameuse triade autistique ne sont pas considérés comme des symptômes mais plutôt comme des traits constants.  

En France, depuis 1996, l’autisme a été officiellement reconnu comme un handicap car vivre avec un TSA dans un monde créé et fait pour les neurotypiques reste un défi au quotidien pour les personnes concernées. Même si là encore le terme fait débat dans la communauté. 

A l’inverse certaines personnes comme récemment le journaliste Nicolas Demorand qui a rendu publique sa bipolarité clame qu’il est un « malade mental », terme jugé choc pour certains mais utilisé sciemment par l’intéressé pour briser le tabou qui entoure la maladie mentale. 

Les troubles psychiques, dont la bipolarité fait partie, sont généralement liés à des déséquilibres biochimiques dans le cerveau souvent en interaction complexe avec des facteurs environnementaux, sociaux et psychologiques et des prédispositions génétiques. Ils peuvent survenir à n’importe quel moment de la vie et sont de nature fluctuante.

Parmi les personnes concernées par les maladies psychiques, beaucoup préfèrent de loin le mot « trouble psychique » à « maladie psychique » car le terme « maladie » insinuerait l’idée d’une guérison totale hors dans ces troubles on parle plus volontiers de « rétablissement », on apprend à bien vivre avec mais il ne se soignent pas définitivement. Dans le terme « trouble » il y a également l’idée d’un problème qui peut être « rééduqué » pour apprendre à bien vivre avec. La psychoéducation pourrait jouer ce rôle comme une paire de lunettes peut corriger le myopie et soulager la vie quotidienne. 

Rappelons que contrairement aux idées reçues, les personnes atteintes de troubles psychiques sont bien plus souvent victimes de violences qu’auteurs d’actes criminels (10 fois plus en moyenne).  Quand il y a dangerosité, elle est surtout tournée contre eux-mêmes. Les patients dangereux pour la société sont minoritaires et quand c’est le cas c’est le plus souvent induit par un traitement inadapté ou par la prise de substances qui se substituent à une absence de prise en charge ou à une prise en charge non adéquate.  

De plus il est à noter qu’une personne en proie avec un trouble psychique est dans l’incapacité d’anticiper et donc de planifier et préméditer des actes répréhensibles. 

Ainsi une personne capable de commettre de tels actes manque d’émotions, à l’inverse une personne bipolaire est assaillie par un trop plein d’émotions. 

Les troubles de la personnalité sont à différencier des troubles psychiques. Les troubles de la personnalité correspondent à des modes de comportement inadapté aux normes et aux attentes sociétales. Ils désignent des schémas dysfonctionnels de pensées de perceptions, de réactions et de relations qui correspondent peu ou pas aux attentes de l’environnement socioculturel. 

L’usage du mot « psychopathie », quant à lui, qui est pourtant le premier qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque des meurtriers sanguinaires y compris les tueurs en série a été abandonné dans les classifications psychiatriques internationales et ne correspond donc pas est tant que tel à un diagnostic clinique. La HAS (Haute Autorité de Santé) recommande aujourd’hui d’utiliser le terme « organisation de la personnalité à expression psychopathique » notamment pour rappeler qu’il ne s’agit pas d’un trouble psychique mais d’un trouble de la personnalité. 

Là où cela se complique c’est qu’un trouble n’exclut pas l’autre et les TND comme les troubles de la personnalité sont fréquemment associés à des comorbidités psychiatriques. 

Certaines études suggèrent même que le risque de développer un trouble psychique est plus important en cas de trouble du neurodéveloppement du fait de la vulnérabilité neurobiologique partagée et de l’impact psychologique et du stress engendrés par les TND. 

Aujourd’hui, on va encore plus loin et la recherche s’intéresse davantage aux troubles psychiques à début précoce. Un PNDS (Protocole National de Diagnostic et de Soins) pour la schizophrénie à début précoce a vu le jour en 2022. La schizophrénie y est décrite comme un TND.

Car même s’il existe un pic de diagnostic entre 15 et 25 ans – tout comme la bipolarité – la maladie se jouerait bien avant l’apparition des symptômes cliniques typiques de la maladie que l’on retrouve à l’âge adulte et débute le plus souvent plut tôt sous une forme atténuée. 

Lors de la journée des DAR du 21 mai 2025, Etienne Pot, délégué interministériel à la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement a rappelé que la schizophrénie à début précoce tout comme la bipolarité à début précoce étaient aussi des TND.

Il n’y a pas plus perméables que les frontières diagnostiques en particulier en pédopsychiatrie. D’autant plus qu’il existe aujourd’hui en France une absence de consensus dans de nombreux troubles y compris ceux qui sont reconnus. 

En effet, aujourd’hui, on déplore que plus que la santé mentale, c’est la sémantique qui semble être la grande cause nationale.

Ces confusions ne sont pas anodines elles orientent les regards, les attentes et les prises en charges parfois dans des directions inadaptées par rapport aux besoins des personnes concernées et de leurs familles.

Interdire la vente de couteaux, les réseaux sociaux ou mettre des portiques à l’entrée des écoles n’y changeront rien.

Pourtant le constat est édifiant et effrayant : 1 pédopsychiatre pour 100 000 enfants aujourd’hui en France dont 80% à plus de 60 ans.  A titre de comparaison cela équivaut à un seul policier pour assurer la sécurité des JO de Paris !

Selon l’OMS, 20 à 25% des personnes dans le monde auront un trouble mental au cours de leur vie soit 1 personne sur 4. 75% des français déclarent connaitre un proche qui est touché. Nous sommes donc tous concernés !

Rappelons néanmoins que quelle que soit l’appellation, une maladie qu’elle soit physique ou mental ne définit jamais une personne.

Arrêtons de traiter les symptômes et attaquons nous à la cause : la santé mentale des jeunes ! En s’occupant de la santé mentale de nos enfants on préservera celle des adultes en devenir qu’ils sont mais aussi de toutes les personnes qui les entourent.

La bipolarité ça débute quand ?

🔴 Rappels utiles sur ce que nous dit la science : 

➡️Les études rétrospectives ont mis en évidence que 20 à 40% des adultes bipolaires font remonter le début de leurs troubles à la période de leur enfance.

➡️Les études prospectives, s’intéressant au devenir d’enfants prépubères ayant présenté un épisode dépressif caractérisé, ont montré qu’il s’agissait dans un tiers des cas, de l’épisode initial d’un trouble bipolaire, dont le premier accès (hypo)maniaque apparaîtra en général dans les quatre années suivantes.

➡️étude de Baldessarini de 2012 :

Portant sur 1665 adultes avec un trouble bipolaire de type 1. Il est retrouvé un âge de début de 5% dans l’enfance (<12 ans), 28% dans l’adolescence (12-18 ans) et 53% avec un pic entre 15 et 25 ans.

Dans les formes juvéniles (<12 ans) versus l’adolescence, il est retrouvé plus de récurrence (nombre d’épisodes par an), plus de comorbidité psychiatrique, davantage d’antécédents familiaux de trouble bipolaire.

Cette étude confirme les liens entre antécédents familiaux de trouble bipolaire et mauvais fonctionnement avec un âge de début précoce de bipolarité (pendant l’enfance).

➡️ La méta-analyse de Van Meyer de 2019 retient les chiffres de 0,6% pour la bipolarité de type 1 et de 3,9% pour l’ensemble du spectre bipolaire chez les enfants et les adolescents. 

➡️ La bipolarité chez l’enfant et l’adolescent n’est pas une maladie rare. En effet selon Orphanet, une maladie est dite rare si elle ne touche pas plus d’une personne sur 2000 dans la population européenne soit 0,05% des européens. On est donc loin des chiffres cités plus haut. 

➡️Une autre méta-analyse de Marco Solmi et al. en date de 2022 portant sur l’âge de début des troubles psychiatriques a aussi retrouvé que dans 31% des cas de trouble bipolaire, les premiers symptômes francs se manifesteraient dès l’enfance ou l’adolescence. Pourtant, dans cette même étude, seuls 2,7% des patients avaient un diagnostic de trouble bipolaire posé avant 18 ans.

L’évolution ne doit JAMAIS être un prétexte au refus de soins et au diagnostic ! 

N'oublions pas que l'annonce du diagnostic médical est une obligation déontologique.

 

Il faut quoi de plus pour que les pédopsychiatres se réveillent et arrêtent de dire comme on l’a entendu plusieurs fois encore cette semaine « la bipolarité ? c’est une maladie de l’adulte, il n’a pas 18 ans, on ne peut rien faire » ou bien encore devant un jeune avec des idées suicidaires +++ : « tant qu’il n’y a pas de passage à l’acte on ne peut rien faire »…

Arrêtez de nous rebattre les oreilles avec l’évolution et de l’opposer au diagnostic. Le suicide a souvent lieu bien avant la révélation du diagnostic ! 
L’évolution est utile pour mieux comprendre les symptômes de la bipolarité chez l’enfant. En effet du fait de l’immaturité du cerveau, les symptômes sont différents par rapport aux adultes. 
Et bien sûr, du fait de la perspective développementale, rien n’est définitif chez l’enfant et le diagnostic devra être réévalué jusqu’à l’âge adulte. 

Mais l’évolution de doit JAMAIS être un prétexte au refus de soins et au diagnostic ! N’oublions pas que l’annonce du diagnostic médical est une obligation déontologique. Elle a par ailleurs l’intérêt pour l’enfant et sa famille de permettre une meilleure reconnaissance des symptômes du trouble et une meilleure compréhension des traitements qui seront proposés dans un second temps. De plus ces informations permettront de favoriser l’observance et l’alliance thérapeutique.

Sous couvert d’évolution, deux autres affirmations sont souvent retrouvées chez les professionnels de santé qui refusent de poser un diagnostic de bipolarité chez l’enfant : 

– L’absence de diagnostic n’empêche pas de traiter les symptômes.

Cette réponse n’est pas acceptable car cela signifie qu’on ne va traiter que les symptômes.  
Le risque sera alors d’exposer l’enfant à un cocktail de médicaments (un par symptôme) avec des médicaments non adaptés voire dangereux selon l’origine de ces symptômes.
Car oui ces enfants sont tellement dysfonctionnels qu’ils seront inévitablement exposés à une médication.
Quant à la prise en charge psychologique, une psychoéducation ciblée sera toujours plus efficace que des conseils généraux. 

– Il ne faut pas « enfermer » l’enfant dans un diagnostic, lui coller une étiquette.

Cette réponse n’est pas une réponse médicale et est fondée sur les préjugées. Le diagnostic ne doit jamais être considéré comme une étiquette, il permet de comprendre et d’avoir des solutions grâce à une prise en charge adaptée. 
C’est en éludant un diagnostic médical qu’il devient stigmatisant.
À l’inverse c’est en informant, communiquant, éduquant qu’on changera la perception et la représentation du diagnostic de bipolarité par le grand public. Ce qui est toujours discriminant c’est une différence qui ne dit pas son nom.
Dans la balance bénéfices/risques, il vaut mieux être victime de fausses idées sur la bipolarité que d’une mort réelle. 
Parmi nos familles, le discours est pourtant unanime : le diagnostic leur a permis de retrouver la liberté.
Et quoi qu’il arrive, si l’évolution n’est pas favorable, il faut réévaluer et cela avec ou sans diagnostic ! 

La psychiatrie sauve des vies, on aimerait aussi que ce soit le cas pour la pédopsychiatrie ! 

[Et merci à tous les pédopsychiatres, psychiatres et professeurs (de plus en plus nombreux) qui nous soutiennent 🙏]

Merci à Pauline pour ce témoignage important paru dans le Monde du 09/02/2025 avec pour titre « Quand j’ai appris ma bipolarité, j’ai pleuré de joie de savoir enfin ce qui m’arrivait » et qui nous a inspiré cet article. 
À la lecture du titre de cet article une autre réflexion nous vient alors :
est-ce au médecin de choisir de poser un diagnostic ou au patient de choisir s’il veut l’entendre ?  

A l’heure où on parle de plus en plus du patient-acteur, il s’agit plus que jamais d’une question d’actualité.
Et si après le patriarcat il était temps de sortir du paternalisme médical ?

Extraits : 

« La première fois qu’un professionnel de santé émet l’hypothèse d’un trouble bipolaire me concernant, j’ai 26 ans et cela fait des années que je vis avec des phases extrêmes de l’humeur. Les difficultés remontent à loin, depuis toute gamine. Ma mère m’a toujours dit que, quand je descendais l’escalier le matin, elle se demandait quelle Pauline elle aurait face à elle, que je pouvais avoir un côté « ange ou démon ». Je garde peu de souvenirs de petite, mais je sais que j’avais du mal avec la gestion de ma colère, et que je dormais très peu. Au collège et au lycée, c’était difficile. Je n’avais pas de mots à l’époque, mais avec le recul je me dis que je traversais déjà des épisodes hypomaniaques (l’une des phases ascendantes du trouble de l’humeur), durant lesquelles je me mettais en danger. J’ai commencé à fumer de la drogue dès la 3e, ce qui générait des crises intenses de paranoïa et de peur de la mort. Je faisais souvent le mur dans mon village. J’ai commencé à vivre de grandes phases dépressives à partir de la 5e.
Tout était constamment un drame, sous couvert de crise d’ado pour mes
parents. J’étais beaucoup en confrontation avec les enseignants, mais à l’école, je restais une très bonne élève. Ma mère se disait que j’étais certainement HPI (Haut Potentiel Intellectue)] et que cela expliquait mes sautes d’humeur et mon rapport conflictuel aux professeurs. A l’époque, je n’avais jamais entendu parler de bipolarité et je n’aurais pu faire le lien. Mon seul contact avec la question de la santé mentale avait pris la forme de discussions avec ma demi-sœur, qui avait été diagnostiquée schizophrène, tout comme mon oncle. Ensemble, on parlait surtout de dépression, car c’était ce que je pensais vivre.

(…) Cela devient lourd pour mon entourage, car mes cycles sont alors très fréquents. Je peux me réveille certains matins complètement déprimée, puis, deux jours plus tard être en pleine phase hypomaniaque.

(…) Le poids des stéréotypes est toujours là. La bipolarité est encore très mal représentée à l’écran. Je ne me reconnais jamais dans les films ou les séries qui présentent des personnages bipolaires : moi je ne finis pas à l’hôpital tous les quatre matins, et je ne vais pas plonger dans la Seine toute nue. A un moment, je me suis même demandé si je l’étais vraiment, tellement cela ne collait pas avec les clichés. Il y a un immense travail à mener sur les représentations. »

 

Pour lire l’article du Monde dans son intégralité c’est par ici :

https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/02/09/quand-j-ai-appris-ma-bipolarite-j-ai-pleure-de-joie-de-savoir-enfin-ce-qui-m-arrivait_6538430_4401467.html 

 

TDAH, bipolarité, quels impacts sur l’espérance de vie ?

Il n’aura fallu que quelques jours suite à la publication de l’étude des chercheurs de l’Université de Cambridge (Etats-Unis) dans le « British journal of psychiatry », pour voir fleurir sur la toile de nombreux articles la relayant et publiant en gros titres le lien entre diagnostic de TDAH et durée de vie. En effet selon cette étude, le diagnostic de Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité serait associé à une réduction de l’espérance de vie de près de sept ans pour les hommes et de près de neuf ans pour les femmes.

Analysons les données de plus près. 

L’objectif de cette étude était d’estimer le nombre moyen d’années de vie perdues chez les patients avec un diagnostic de TDAH, sur la base des données de mortalité toutes causes confondues chez les adultes britanniques entre 2000 et 2019. 

Il convient donc de nuancer ces résultats ou en tout cas ne pas omettre de préciser les réserves formulées afin de les rendre plus fidèles aux conclusions de leurs auteurs eux-mêmes.

En effet, les scientifiques ont découvert que les problèmes de santé physique et mentale étaient plus fréquents chez les personnes atteintes de TDAH. Mais le résultat de l’étude étant basé sur les décès toutes causes confondues, il n’est donc pas possible à partir de ces données d’attribuer ce risque de surmortalité précoce à la seule présence d’un TDAH. Cette surmortalité peut aussi être due à d’autres maladies mentales associées ou aux problèmes de santé physique.

La seule conclusion est que les personnes atteintes de TDAH sont plus susceptibles de recevoir un diagnostic de chacun des 13 problèmes médicaux examinés (diabète, hypertension, cholestérol, cardiopathie ischémique, maladie respiratoire chronique, épilepsie, dépression, maladie mentale grave, anxiété, automutilation/suicide, autisme, déficience intellectuelle, trouble de la personnalité) et d’être confrontés dans leurs habitudes de vie à davantage de tabagisme et de consommation excessive d’alcool.

 

Les chercheurs le précisent d’ailleurs explicitement : il est peu probable que le TDAH en lui-même soit la raison de l’écart d’espérance de vie, cela serait plutôt en lien avec une série de risques associés à ce trouble comme ceux cités plus haut. 

 

De plus ils ajoutent que « le manque de services spécialisés pour l’évaluation du TDAH chez l’adulte au Royaume-Uni signifie que les adultes diagnostiqués peuvent surreprésenter ceux qui ont des problèmes de santé mentale concomitants, ce qui les a amenés à être en contact avec des spécialistes qui ont diagnostiqué leur TDAH. Cela conduirait à une classification erronée de l’exposition différentielle : l’association entre ces conditions et une espérance de vie réduite pourrait fausser les résultats et conduire à une surestimation des années de vie perdues.

Étant donné que les critères de diagnostic du TDAH étaient plus stricts au moment du recrutement pour cette étude, les participants peuvent surreprésenter ceux qui ont des besoins de soutien plus importants, par rapport aux personnes qui répondent en moyenne aux critères actuels du TDAH ». 

Les personnes avec un TDAH sévère et donc avec plus d’autres maladies mentales seraient donc surreprésentés dans cette étude.

 

Kevin McConway, professeur émérite de statistiques appliquées à l’Open University au Royaume-Uni, qui n’a pas participé à l’étude, a déclaré dans un communiqué que la recherche était « frappante » mais qu’elle « laissait de nombreuses questions importantes sans réponse » en précisant que la question la plus importante est de savoir ce que l’on peut faire à ce sujet.

Il a ajouté que cela dépendait de la question de savoir si le TDAH est à l’origine de la réduction de l’espérance de vie. Ce à quoi cette étude, aujourd’hui, ne peut pas donner de réponses. 

Les chercheurs de l’étude ont d’ailleurs conclu que parmi les solutions « outre le soutien spécifique au TDAH », on pourrait encourager « les approches visant à améliorer la sensibilisation aux problèmes de santé physique et mentale plus fréquents chez les personnes atteintes de TDAH » et « promouvoir un accès rapide à des services de soutien en santé mentale et de sevrage tabagique ». 

 

On pourrait donc avoir une lecture bien différente de cette étude en se demandant si les autres troubles psychiques sont suffisamment recherchés chez les patients ayant un TDAH et si cette négligence conduirait à une surmortalité de celui-ci d’autant plus qu’en cas de troubles bipolaires associés la médication pour le TDAH sans protection par un thymorégulateur peut entraîner un virage de l’humeur pouvant aller jusqu’au suicide !

 

Cette étude ne dit donc pas que le TDAH est un trouble qui augmente la mortalité. D’ailleurs en cas de tentatives de suicide ou d’idées suicidaires, le diagnostic devrait toujours être réévalué à la recherche d’un trouble psychiatrique associé qui pourrait mieux expliquer les difficultés rencontrées. 

 

Rappelons que cela fait même partie des critères diagnostiques du TDAH dans le DSM5 : 

« Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (ex. trouble thymique, trouble anxieux, trouble dissociatif, trouble de la personnalité, intoxication par une substance ou sevrage d’une substance.) »

 

A l’inverse, de nombreuses études ont prouvé que la bipolarité, elle, était mortelle.

 

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les troubles bipolaires figurent au 6ème rang mondial des handicaps. Les malades présentent une espérance de vie réduite de 10 ans en moyenne par rapport à la population générale. 

La Haute Autorité de Santé souligne également que le trouble bipolaire est l’une des pathologies psychiatriques les plus graves, qui conduit à des tentatives de suicide : 1 malade sur 2 fera au moins une tentative de suicide dans sa vie et 15 % décèderont par suicide. 

 

Enfin rappelons aussi que tous les critères du TDAH sont retrouvés dans la bipolarité mais que l’inverse n’est pas vrai. 

 

Cette précision est particulièrement importante dans le monde de la pédopsychiatrie où la majorité des médecins pensent que le TDAH est un trouble de l’enfance et que la bipolarité est une maladie de l’adulte. Ainsi la bipolarité chez l’enfant est toujours envisagée en dernier en particulier quand elle s’est déjà aggravée à la fin de l’adolescence. De plus, et c’est probablement ce qu’il faut retenir de cette étude, un TND n’exclut pas un trouble psychiatrique et inversement. Le diagnostic peut donc être différenciel mais aussi multiple. 

 

Évitons les raccourcis, les interprétations erronées ou le sensationnalisme qui favorisent les erreurs de diagnostic et les mises en danger en retardant l’accès à des soins adaptés.

Les personnes concernées en seront toujours les premières victimes ! Ne l’oublions pas : l’ignorance tue.

 

Seule une véritable démarche scientifique exempte de tout biais nous permettra réellement de faire avancer la cause de la santé mentale.

Ensemble restons attentifs !

 

Pour consulter l’étude dans son intégralité :

Life expectancy and years of life lost for adults with diagnosed ADHD in the UK: matched cohort study | The British Journal of Psychiatry | Cambridge Core

https://www.cambridge.org/core/journals/the-british-journal-of-psychiatry/article/life-expectancy-and-years-of-life-lost-for-adults-with-diagnosed-adhd-in-the-uk-matched-cohort-study/30B8B109DF2BB33CC51F72FD1C953739 

 

Bipolarité juvénile, Everest de la pédopsychiatrie ?

Cet article du journal Le Monde en date du 02/10/2024 :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/02/sante-mentale-pourquoi-la-prescription-de-psychotropes-chez-les-jeunes-s-envole_6341710_3224.html
qui propose une excellente analyse sur la raison de la hausse de la prescription des psychotropes chez les jeunes (antidépresseurs,anxiolytiques, antipsychotiques, hypnotiques, thymorégulateurs confondus) nous a amené à  nous interroger sur la place qu’occupe la bipolarité juvénile en pédopsychiatrie.  

En effet, on constate « +60% de jeunes sont sous antidépresseurs, +38% sous antipsychotiques (prescrits pour la schizophrénie ou la bipolarité notamment) et +8% sont sous anxiolytiques ».
 
Ainsi, en 2023, 4137 jeunes de 12 à 15 ans et 4993 jeunes de 16 à 19 ans se sont vus délivrés une ordonnance de psychotropes.
 
Parmi les 5 hypothèses avancées on retrouve : 
 
➡️la dégradation de la santé mentale des jeunes en particulier depuis le Covid 
 
➡️la prise en charge trop tardive des troubles psychiques en raison d’un système de soins saturé par les besoins. L’aggravation des troubles sans prise en charge entraîne ainsi une hausse de la prescription des médicaments.
Jean-François Pujol, pédiatre précise « On ne va pas laisser un ado qui ne dort pas, qui a terriblement besoin d’apaisement, sans traitement. Ni un enfant qui lève la main sur ses camarades, sur ses parents, et qui est en souffrance comme toute sa famille, sans réponse thérapeutique. On finit parfois de guerre lasse, par donner un sédatif ou un neuroleptique, en attendant un rendez-vous dans un CMP ou chez une pédopsychiatre, qui viendra peut-être quelques semaines, quelques mois plus tard…au mieux. »
Même si, par ailleurs, il affirme qu’il s’est formé au cours de sa carrière et qu’aujourd’hui il est capable de mieux prescrire ces molécules.
 
Concernant ce point, et de part notre savoir expérienciel, nous pouvons également ajouter une méconnaissance de la bipolarité juvénile. Ainsi la bipolarité est prise en charge en fin d’adolescence ou au début de l’âge adulte quand les symptômes se sont aggravés et sont déjà devenus plus typiques en se rapprochant de ceux retrouvés chez les adultes. 
 
➡️ la question sensible de la mauvaise prescription : antidépresseurs et anxyolitques VS psychothérapie. En effet la HAS (Haute Autorité de Santé) préconise « en première intention » de privilégier les psychothérapies. 
Notons là encore que la difficulté d’accès aux soins est un frein pour beaucoup de familles : problèmes des déserts médicaux et de remboursements des séances.
 
➡️un meilleur repérage : peut-on parler d’un rattrapage du retard des diagnostics ? « Parvient-on à repérer plus précocement certains troubles ? Autrement dit, réussit-on à mieux détecter que par le passé certaines maladies mentales ? » s’interroge le journal. 
Pauline Chaste, pédopsychiatre à l’hôpital Necker-Enfants malades souligne : « Il existait un important retard de diagnostic pour le trouble bipolaire et la schizophrénie ». Et d’ajouter une autre explication à la forte hausse des antipsychotiques : « Nous prescrivons aussi ces traitements à des jeunes qui n’ont ni troubles bipolaires ni schizophrénie, mais qui peuvent être impulsifs, se mettre en danger, multiplier les tentatives de suicide, et en avoir besoin, à court terme ».
 
➡️des jeunes qui se tournent plus facilement vers les soins d’autant plus parce que le panel des symptômes pris en charge s’est élargi : dépressions mais aussi troubles anxieux, phobies scolaires, TOCs, stress post-traumatiques, …
 

Rappelons tout de même à toutes fins utiles que la même HAS indique également dans ses recommandations : 

✅ »Devant tout épisode dépressif, il est recommandé de rechercher des arguments en faveur d’un trouble bipolaire. Il est important de différencier les troubles bipolaires d’un épisode dépressif caractérisé isolé ou récurrent car le traitement et la prise en charge ne sont pas les mêmes. »

Certaines études avancent qu’un pourcentage important de personnes diagnostiquées dépressives seraient en fait bipolaires. Les erreurs de diagnostics pourraient expliquer une multiplication du nombre de psychotropes non adaptés et une augmentation de leur posologie mettant en danger la vie de nos jeunes.
 
✅ « Devant une tentative de suicide chez un adolescent ou un adulte jeune, il est nécessaire de rechercher un trouble bipolaire. »
 
✅ »Il faut donc évoquer un trouble bipolaire chez un adolescent ou un adulte jeune devant tout épisode dépressif, certaines pathologies psychiatriques (addictions, trouble des conduites,  troubles anxieux), tout passage à l’acte suicidaire. »
 

Nous aimons l’optimisme de la pédopsychiatre qui utilise l’imparfait pour parler de la bipolarité juvénile. Si seulement ! Pourtant aujourd’hui on continue d’affirmer majoritairement que la bipolarité juvénile n’existe pas. 

Pourquoi refuser de poser un diagnostic chez un jeune à qui on prescrit des thymorégulateurs « jusqu’à preuve du contraire » ? Nous insisterons toujours sur ce point : ne pas poser de diagnostic est une perte de chance pour le jeune car il entraine une mauvaise observance du traitement voire un refus de soins et prive toute la famille d’outils non médicamenteux comme une psychoéducation ciblée.

 
Voilà maintenant prés de 15 ans que nous œuvrons chaque jour pour faire connaître et reconnaitre la bipolarité juvénile ! 
Dans quelques années, on espère moins, on pourra sans doute dire, que nous avons été les pionniers dans ce domaine et que nous avons gravi notre « Everest » sans oxygène !

Dans tous les cas si nous n’avions qu’un souhait à formuler : ce serait celui de voir plein « d’  Inoxtag » prendre notre suite !

Nos BD « Faut pas prendre les cons pour des parents »

Faut pas prendre les cons pour des parents.

La lecture de la BD « Faut pas prendre les cons pour des gens » d’Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud aux éditions Fluide Glacial nous a beaucoup inspirés ! Nous y avons trouvé beaucoup de points communs dans l’absurdité des situations que nous vivons chaque jour.
Une déclinaison nous a paru intéressante pour retranscrire ce que vous nous rapportez quotidiennement…
Découvrez nos planches à partager sans modération.

(c) Textes : Kalaëtidoscope – (c) Illustrations : Rico Gripoil

On a testé pour vous : Kaizen – 1 an pour gravir l’Everest, le documentaire phénomène d’Inoxtag

Alors que les troubles psychiques sont en augmentation constante chez les jeunes, Inoxtag insuffle avec Kaizen une pulsion de vie à la nouvelle génération !

Alors que les troubles psychiques sont en augmentation constante chez les jeunes, Inoxtag insuffle une pulsion de vie à la nouvelle génération !  

On vous voit déjà venir : jamais je ne regarderai un documentaire réalisé par un youtubeur, la culture du vide ! Le vide que vous verrez ici concerne plutôt celui des pentes abruptes !

Essayez ! En plus de faire plaisir à votre cyclokid en rentrant un peu dans son univers, vous risquez d’être agréablement surpris !

On est même prêts à prendre le pari que certaines scènes vous feront sourire et échanger un regard complice avec votre ado !

Au passage on en profite pour saluer l’abnégation de ses parents pour l’avoir encouragé à réaliser son rêve qui n’était pas sans risque. 

On vous prévient il ne s’agit pas d’un documentaire sur l’Everest même si les images sont superbes mais plutôt sur le cheminement d’un jeune passionné par les réseaux sociaux et les jeux vidéo qui se lance un pari fou : celui de gravir l’Everest en 1 an en partant de 0 aussi bien sur le plan de son hygiène de vie que de sa condition physique.

Ce que nous en avons retenu : 

  • Apprendre la persévérance et le dépassement de soi à nos jeunes, une jolie preuve par l’exemple
  • Se déconnecter des écrans pour se reconnecter à soi
  • Lâcher les écrans pour sortir de chez soi, aller à la rencontre de l’autre, oser et Vivre tout simplement
  • Ce qui compte ce n’est pas la destination c’est le chemin, avancer petits pas par petits pas pour gravir les plus hauts sommets au sens propre comme au sens figuré
  • Trouver son « Everest »
  • Les plus grandes aventures se vivent toujours à plusieurs, rien ne se fait seul
  • Ne pas être le meilleur mais devenir chaque jour meilleur

On retrouve aussi d’autres thèmes en toile de fond comme le surtourisme, l’importance des sherpas, la pollution ou bien encore le danger que l’Homme représente pour la montagne.

Certes il y a quelques placements de produits, ne vous étonnez donc pas si à l’issue des 2h40 votre enfant vous réclame un pull The North Face. Mais rappelez-vous : n’avez-vous jamais eu envie d’une Rolex Submariner ou d’une Omega après un James Bond ? 

Plaignez-vous ! Pensez à ceux qui auront réclamé à leurs parents une randonnée de 8h en montagne sans escale et sans sherpa et qu’ils ne pourront bien évidemment pas refuser ! 

Plutôt qu’un film autocentré comme certains de ses détracteurs le décrivent, nous y avons vu un récit authentique (vous avez vraiment déjà essayé de parler de vos hémorroïdes, de montrer le chaos dans lequel vous vivez ou de vous filmer de près malade ou la morve au nez quand vous voulez vous mettre en avant ?).

Vous découvrirez aussi l’origine de quelques expressions utilisées régulièrement par vos enfants ce qui vous permettra de rester vivant et en perpétuelle évolution comme notre langue ! 

Alors « on est biiiiien » là ? 

Enfin, pour ceux qui s’interrogent sur le titre du documentaire, Kaizen, est la contraction de deux mots japonais qui signifient « changement positif » ou « amélioration ». 

Plus généralement, on pourrait le traduire par la notion d’« amélioration continue ».

Quoi espérer de plus pour notre monde et toutes les générations futures ?

Notre jeunesse en quête de sens et dont le mal-être est grandissant a bien besoin de figure inspirante
comme lui !

Et qui de mieux qu’un youtubeur adulé par sa génération pour faire passer un message qui reste récurrent et pourtant si conflictuel dans la plupart de nos foyers ?

En réalité il faut même avouer qu’il fait le job beaucoup mieux que nous les darons et qu’il nous donne un sacré alibi : ce n’est pas moi qui le dit c’est Inox !

Alors vraiment, nous n’aurons que deux mots : bravo et merci Inès ! 

« Kaizen » sera diffusé sur TF1 le mardi 8 octobre à 23h30.

En attendant vous pouvez le voir ou le revoir gratuitement sur Youtube juste ici >>> https://www.youtube.com/watch?v=wrFsapf0Enk

Cinéma : VICE-VERSA 2, le psynéma des émotions

Après Vice-Versa en 2015 coréalisé par Pete Docter et Ronnie Del Carmen, le deuxième opus du film réalisé cette fois par Kelsey Mann   est sorti le 19 juin dernier ! Chez Bicycle nous raffolons la façon dont Pixar et Disney réussissent le tour de force de parler de santé mentale de façon ludique et décomplexée en personnifiant nos émotions. C’est donc avec impatience que nous attendions la suite des aventures de Riley !

Appareil dentaire, petits boutons, humeur changeante, l’alarme de puberté a retenti et plus rien n’est comme avant : Riley est devenue une adolescente de 13 ans ! 

Cette fois nous suivrons Riley avec deux de ses copines à un camp de hockey sur glace où elle rêve d’être sélectionnée pour intégrer l’équipe des Fire Hawks.

La nouveauté de cet épisode, c’est qu’en plus de façonner des îles spécifiques qui correspondent à la personnalité de Riley, les souvenirs vont aussi construire des croyances qui en s’entremêlant vont donner naissance à l’estime de soi. 

Ce changement est matérialisé par l’apparition de nouvelles émotions plus sophistiquées :  Envie, Embarras, Ennui avec à leur tête Anxiété.

Ces émotions rebelles viennent perturber le quartier cérébral et finissent par s’en emparer. Elles souhaitent créer une nouvelle conscience de Riley.

Joie, Peur, Dégoût, Colère et Tristesse se trouvent alors bannies. Elles décident donc de se lancer dans une véritable quête au tréfonds de la mémoire pour retrouver et rendre à Riley son estime de soi. Sans cela elle risque en effet de ne plus jamais être elle-même et de faire de mauvais choix.

Anxiété, quant à elle, est persuadée que Riley grandi et qu’elle n’a plus besoin de ces émotions primaires qu’elle considère comme désuètes. 

Elle se sert alors de l’imagination de la jeune adolescente contre elle-même en créant des projections pour la changer allant jusqu’à déclencher une tempête  de mauvaises idées. 

Pour Anxiété et ses nouveaux acolytes peu importe s’ils la poussent à être le contraire de tout ce qu’elle est, aujourd’hui l’important est ce qu’elle doit devenir.

C’est ainsi que la nouvelle Riley devient prête à tout pour gagner quitte à trahir ses meilleures amies. 

Riley ne contrôle plus rien et finit par faire une attaque de panique. Est-ce Anxiété qui lui met beaucoup trop la pression ou est-ce normal de ressentir moins de joie quand on grandit ? 

Joie et ses comparses se servent finalement d’une avalanches de mauvais souvenirs pour rejoindre le quartier cérébral non sans s’inquiéter des conséquence qu’ils pourraient avoir sur le bien-être de Riley. 

Joie est persuadée qu’Anxiété ne peut pas être la seule à prédire l’avenir. En réalité, Anxiété essayait seulement de protéger Riley mais Joie va finir par lui faire entendre raison car ce ne sont pas à ses émotions de décider qui est Riley mais bien à elle seule.  

Ce film expose un message clair : chaque émotion est légitime à condition qu’elles ne prennent pas trop de place ! Ainsi, notre personnalité est constituée de nos expériences et de nos émotions, positives, comme négatives. Chaque facette de Riley fait ce qu’elle est et c’est pour cela qu’on l’aime avec ses défauts et ses merveilleuses qualités.

Cette bataille d’émotions bouillonnantes permettra certainement aux parents de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête de leurs cycloteenagers X 10 et donnera aussi des outils aux enfants et aux adolescents pour mieux identifier et contrôler leurs émotions. 

Ce film permet d’aborder des thèmes très sérieux comme l’estime de soi, les émotions exacerbées ou refoulées, la mémoire, le système de croyances ou bien encore l’imaginaire.

On a aussi adoré les clins d’oeil des personnages de la chambre forte des secrets avec notamment Banana-outils qui n’est pas sans nous rappeler la célèbre Dora l’exploratrice.

Le seul reproche s’il fallait en faire un serait le fait que toute l’intrigue se concentre sur un seul événement : le stage de hockey sur glace.  

Vous l’aurez compris déception n’a pas fait partie de nos émotions alors profitez des vacances pour faire le plein d’émotions en famille avec ce très bon film d’animation ! 

Et qui sait, le passage furtif de Nostalgie nous laisse espérer que nous pourrions bien continuer à regarder grandir Riley dans de prochains épisodes !

PS : Ne manquez pas la scène post-générique pour connaître le secret le plus sombre de Riley !

Cinéma : La vie de ma mère – Notre avis

Troisième film français sur la bipolarité en 3 ans après « Les Intranquilles » et « Le livre des solutions », je n’étais pas tout à fait tranquille quand la sortie de « La vie de la mère » a été annoncée, me demandant si on allait enfin trouver des solutions pour parler des troubles bipolaires et non plus de la seule psychose maniaco-dépressive qui a disparu du DSM depuis plus de 40 ans mais visiblement pas des écrans… 
Et bim dès les premières scènes du film, un sentiment de malaisance m’envahit… Agnès Jaoui alias Judith surjoue une bipolaire en phase maniaque qui vient de s’évader de sa clinique psychiatrique… Mais je m’accroche, car j’ai envie d’y croire. Je me surprends à lui chercher des circonstances atténuantes : peut-être est-ce lié au combo explosif de mère juive excessive qu’elle doit également incarner pour ce rôle ?
Et puis non, finalement sans surprise, le couperet tombe : on parlera donc ici encore une fois de la bipolarité typique et caricaturale de l’adulte. 

Pierre, 33 ans, est fleuriste et voit ressurgir dans sa vie sa mère Judith qu’il n’a pas vu depuis qu’elle est internée dans une clinique psychiatrique pour ses troubles bipolaires, il y a 2 ans.

La relation mère-fils est brisée depuis longtemps. A travers les non-dits, on devine un passif lourd et un amour qui s’est étiolé à force de crises à répétition.  Pierre n’a donc qu’une hâte : ramener sa mère à la clinique au plus vite pour reprendre le cours de sa vie. 

La seule chose qui semble encore les lier, et que Judith a transmise à son fils, est leur passion commune pour les fleurs.

Le scénario lui aussi très attendu n’hésite pas à utiliser des métaphores plus que grossières : 

Judith est hospitalisée dans une clinique au nom pour le moins évocateur pour prendre en charge ceux qui touchent le fond : « Les Rivages » … Les fleurs, tour à tour fanées ou fraîches, permettent d’illustrer les différentes émotions traversées par Judith. Pour l’instabilité, le choix s’est porté sur une girouette filmée lors d’un plan prolongé…

Mais le plus gênant n’est pas la représentation typique de la bipolarité car cette forme même si elle n’est pas la plus courante existe bel et bien et, avouons-le, c’est de loin la plus cinématographique mais le portrait qui est brossé de la personne atteinte de troubles bipolaires. Agnès Jaoui incarne ici une femme très enfantine voire naïve pour ne pas dire carrément simplette et surtout infantilisée et privée de liberté. Elle semble alors être condamnée (à perpétuité ?) à être internée dans une clinique psychiatrique assommée de médicaments pour y faire des scoubidous à longueur de journée. Le tout entourée d’autres « fous » de son espèce et sans pouvoir ouvrir la fenêtre…

Perspectives peu réjouissantes avouons-le et à mille lieux des campagnes de déstigmatisation actuelles sur la bipolarité et de la réalité de la maladie. 

Cependant le fait que Judith n’ait pas de filtre lui permet d’oser et d’exprimer sans pudeur ses émotions. Cela contribue grandement à rendre son personnage touchant et attachant et finalement plus ancré dans la réalité qu’il n’y parait. Le barman soulignera la chance de Pierre d’avoir une mère qui est « une vraie gentille », paradoxe que les aidants ont tendance à oublier tant ils sont malmenés aussi par les montagnes russes de la maladie.   

On regrette alors d’autant plus de la voir se faner dans une clinique… 

Ce film illustre néanmoins bien le déni de l’entourage confronté à la bipolarité d’un proche. L’entretien de Pierre avec la psychiatre de sa mère représente un tournant décisif dans le film. Celle-ci explique à Pierre qu’avec son soutien sa mère peut aller beaucoup mieux. C’est à ce moment-là que Pierre -qui nesemble pas faire beaucoup d’efforts depuis le début du film- baisse la garde et nous réconcilie avec son personnage magnifiquement interprété par William Lebghil. Si Pierre est sur la défensive, c’est qu’il est avant tout un homme traumatisé par les épreuves traversées avec sa mère et terrorisé à l’idée de développer la maladie à son tour.

Ce passage met alors le doigt sur un point important : le rôle essentiel de l’entourage dans le rétablissement du malade et la nécessité de se faire accompagner pour y parvenir. Au-delà de la simple obsession de la prise des médicaments, on peut apprendre à mieux comprendre son proche et l’encourager à devenir acteur de sa maladie afin qu’il puisse lui aussi reprendre le cours de sa vie. 

Le bouquet final est prévisible et Julien Carpentier signe donc ici une très bonne comédie à l’eau de rose servie par une excellente distribution mais certainement pas un film sur la bipolarité.