Article assortie d’un témoignage sur le parcours du combattant des parents pour faire poser un diagnostic de cyclothymie.

Pourquoi certaines familles en arrivent-elles à demander le diagnostic de cyclothymie?

Parce que les parents sont passés de diagnostic en diagnostic, de méthode éducative en méthode éducative et que si certains éléments aident un peu, rien n’apporte vraiment de solution.
Parce que les parents face à un diagnostic se renseignent sur le trouble et jamais ne retrouvent complètement leur enfant dans ce qu’on leur dit. Il est ce qu’on dit mais pas pas tout à fait, il manque des choses et on ne les explique pas.
Face à cette compréhension incomplète du trouble de leur enfant, les parents lisent et se renseignent. Ils cherchent dans leur famille des comportements similaires, des antécédents psychiatriques.

A force de recherche, ils découvrent le mot : cyclothymie.
Au départ, ce n’est souvent qu’une énième hypothèse, cela le restera pour certains. Pour d’autres, c’est enfin le diagnostic adéquat et l’enfant va commencer à aller mieux.
Seules les familles éduquées et tenaces, ont la capacité de remettre en cause le corps médical, de chercher au delà de leurs préceptes. Cela suppose d’assimiler plusieurs domaines pointus : neurosciences, théories psychiatriques, théories éducatives, sciences sociales et humaines… Il faut clairement avoir un niveau universitaire.

Chez Bicycle, nous souhaiterions que l’hypothèse de la cyclothymie soit posée par les médecins et non par les parents.

Il existe des questionnaires de pré-diagnostic simples et rapides à administrer par un généraliste ou les parents eux-mêmes. Un bilan complet, ce sont trois séances avec un psychologue formé à la cyclothymie juvénile. Deux petits mois pour un diagnostic clair pour peu que les médecins soient informés. Combien d’argent économisé pour la sécurité sociale ?

Prendre en compte les antécédents familiaux :

Nous comprenons bien qu’il soit difficile pour un médecin, même spécialisé, de connaître précisément l’ensemble des troubles qui existent. Nous souhaiterions cependant que lorsqu’une famille se présente avec un enfant présentant de l’hyperactivité, de l’opposition, une question simple soit posée : « Y a-t-il des antécédents psychiatriques dans la famille, lesquels ? »

Que ce soit une part génétique ou éducative, la cyclothymie a un caractère familial.
Or : Il faut deux mois à un spécialiste pour poser un diagnostic. Le diagnostic se fait sous forme de jeux, il n’est en rien traumatisant. Si bipolarité/cyclothymie sont dans la famille, c’est une hypothèse très sérieuse.

Cyclothymie juvénile = cabinet privé

Les centres publics qui prennent en charge la cyclothymie en France se comptent sur les doigts d’une main. Ils ne sont généralement accessibles qu’aux habitants de leur secteur géographique.
Les parents sont donc obligés de se tourner vers des cabinets privés, souvent éloignés de leur domicile. Faire 250km avec un enfant cyclothymique pour une séance de TCC tous les 15 jours au début, ce n’est pas une chose facile !
Aujourd’hui en France, soigner son enfant est un investissement énorme d’énergie et d’argent : 1500€/an pour 12 séances de thérapie et 6 séances de suivi avec le psychiatre, consultations et trajets inclus. Prise en charge de la Sécurité Sociale ? Minimale.

Delphine Dy.

Mon parcours

« Face aux premiers troubles à l’école maternelle, on m’a dit de faire diagnostiquer une hyperactivité. Je ne l’ai pas fait ma fille n’était pas une hyperactive, j’avais tous les éléments pour prouver le contraire. J’ai cependant gardé la chose en mémoire.

Puis on m’a dit qu’elle était précoce, qu’un saut de classe serait une très bonne solution. On l’a fait.
Léger mieux.

On m’a alors diagnostiquée bipolaire. Je me suis formée sur cette maladie, je l’ai comprise et j’ai regardé ma fille et je me suis vue à son âge. J’ai tout de suite compris.

Son trouble s’aggravant, je l’ai emmenée chez un psychiatre. Le premier ne voulait pas suivre des enfants sauf si je ne trouvais personne d’autre.
Le second, et le seul pédopsychiatre du secteur, m’a dit que la bipolarité juvénile n’existait pas.
Il a commencé une psychanalyse sur ma fille, un désastre.

La bipolarité chez les adultes est aussi mal soignée que chez les enfants, pour moi et pour ma fille, je me suis adressée à un spécialiste de la maladie.
Dès le premier entretien pour faire un bilan, ma fille a commencé à aller mieux.
Ce n’était pas un up qui durait, cela n’existe pas chez elle, elle allait vraiment mieux.
De séance de TCC en séance de TCC, elle allait mieux, son comportement se lissait.
Bien sûr, les enfants grandissent et rien n’est acquis.

L’adolescence s’annonce difficile mais grâce aux soins qu’elle a reçus très tôt, elle part tout de même
avec de bonnes bases.

Ce que je regrette ?
Que le premier psychiatre vu, choisi pour sa compétence locale en matière de bipolarité, ne m’ait pas adressée à une personne qui prenne en compte les antécédents de ma fille, nous aurions gagné une année ! Avec l’intelligence de ma fille et sa souplesse de jeune enfant, cette année aurait été bénéfique :
elle aurait eu le temps d’apprendre encore plus de choses sur la gestion des émotions avant de voir l’adolescence arriver. »

 

Delphine Dy.

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