Délinquance et Cyclothymie

Selon l’INSERM, 30 à 60% des actes de délinquance sont commis par des garçons (plus rarement des filles) ayant présenté un trouble de conduite ou un trouble de l’opposition avec provocation (TOP) dans l’enfance.

60% des adolescents bipolaires présentent une addiction. Dans la majorité des cas, la violence des bipolaires est due à l’addiction et non la maladie elle-même.

Symptômes cyclothymiques pouvant conduire à la délinquance

Cette phase provoque impulsivité, combativité, désinhibition, sentiment de toute puissance, faiblesse du jugement. Elle génère des troubles de la conduite, des troubles de l’opposition avec provocation.

« Un enfant de 7 ans a volé un caddie seulement parcequ’il le voulait. Il savait que voler était mal mais il ne pensait pas que cela était mal dans son cas. Quand la police est arrivée, l’enfant a pensé que les officiers étaient là pour jouer avec lui »

Extrait de «Cyclothymie – troubles bipolaires des enfants et adolescents au quotidien» Dr Elie Hantouche et Barbara Houyvet – Ed J Lyon

Les addictions cyclothymiques les plus fréquentes sont l’alcoolisme et le cannabis.
La délinquance est très souvent reliée à l’addiction. La cyclothymie amplifie la problématique par la présence d’autres symptômes combinés.
Certains enfants présentent très tôt des conduites addictives, par exemple l’utilisation du coca comme rehausseur d’humeur. La fuite des problèmes au travers des jeux vidéo…

La cyclothymie s’accompagne d’une hypersensorialité qui peut s’exprimer dans la sexualité, et ce très précocement. Cette sexualité peut devenir compulsive, ou provocatrice, avec la recherche de sensations toujours nouvelles.

« Elle se masturbe sans arrêt, n’importe où. Quand elle était petite, ça passait, mais à 7 ans c’est si gênant que nous avons passé un contrat avec elle pour qu’elle ne le fasse que dans sa chambre quand elle est seule »

50% des enfants ayant présenté un trouble de la conduite ou un TOP évoluent vers des conduites antisociales. Or on estime que 10% des enfants en général présentent un TOP et qu’il apparaît avant 8 ans. (Argumentation, provocation, vindicativité, refus de se plier aux règles…).

« A l’âge de 4 ans, les parents sont convoqués à l’école pour des conduites d’opposition en classe (refus des consignes, absence de participation aux activités, mauvaise influence sur les autres enfants)» CTAH-cas clinique de Valentine, 6 ans.

La cyclothymie impacte fortement le rapport parent-enfant. L’enfant est ingérable et demande une énergie considérable. Des parents désemparés, isolés finissent par recourir à la violence morale ou physique pour tenter d’enrayer les crises.

Prévention :

Diagnostiquer la cyclothymie dès 5 / 6 ans c’est arrêter la spirale vers la délinquance.
Le diagnostic d’un TOP ou d’un trouble du comportement est insuffisant, car ceux-ci fluctuent en fonction des humeurs.

Témoignage

« Au début mon enfant était considéré comme hyperactif. Il n’était donc pas facile à canaliser.
Puis cela c’est intensifié, il s’est mis à s’opposer.
C’était des conflits permanents à la maison et en grandissant il est devenu si impulsif et colérique qu’on en venait aux mains et aux insultes!
Même avec ses camarades il y avait des bagarres incessantes. Nous avons été plusieurs fois au commissariat pour déposer des mains courantes. Nous étions souvent convoqués à l’école.

Déjà tout petit j’aurais dû m’en douter, il a très tôt tenté de voler dans les magasins, et j’avais toutes les peines du monde à l’en empêcher malgré des punitions très sévères. Une fois l’objet volé, il le cachait et ne l’utilisait pas. Je le retrouvais des semaines plus tard dans des endroits incongrus.

Je voyais l’avenir de manière très sombre. J’avais l’impression qu’il allait devenir une racaille et je n’arrivais pas à contrecarrer cette progression.

Quand le diagnostic est tombé, ça m’a soulagée, car depuis qu’il est soigné, la violence s’est très largement estompée et ne surgit que dans des colères qu’il va calmer via du sport ou dans sa chambre!
Les bagarres sont très rares, et surviennent quand il n’a pas vu venir la personne agressive et donc n’a pas pu s’éloigner.

Nous parlons également beaucoup des addictions ensemble pour lui mettre des gardes-fou.

Depuis que les politiciens pensent à faire payer les parents pour les actes délictueux de leurs enfants, je ne peux m’empêcher de penser, combien sont en réalité comme mon fils ! »


– EN SAVOIR PLUS –

Liens :

INSERM : http://www.inserm.fr/index.php
PSYCHOMEDIA : Perception erronée d’hostilite chez les jeunes bipolaires
CLINIQUE DU CHATEAU DE GARCHES : Conséquences sociales du trouble bipolaire

Bibliographie :

“Des Hauts et des Bas – Bien vivre sa cyclothymie”
Dr Nicolas Duchesne – Ed Odile Jacob.

“Cyclothymie – Troubles bipolaires des enfants et adolescents au quotidien”
Dr Elie Hantouche et Barbara Houyvet – Ed J LYON

“SOIGNER SA CYCLOTHYMIE – Sept clés pour retrouver le contrôle de soi.”
De Elie Hantouche – Vincent Trybou – Ed Odile Jacob

“J’APPREND A GERER MA CYLCOTHYMIE
Dr Elie Hantouche – Caline Majdalanie – Régis Blain – De JLyon

Sources :

  • Les troubles de conduite chez l’enfant et l’adolescent – INSERM sept2005 – http://www.libertysecurity.org/IMG/pdf/INSERM_trouble_conduites_synthese.pdf
  • Troubles mentaux, depistage chez l’enfant et l’adolescent – dossier de presse – INSERM 2003
  • Thérapie des schémas. Approche cognitive des troubles de la personnalité – Jeffrey E Young – ed de Boeck
  • Les effets de la dépression et de la maniaco-dépression sur les familles – Association canadienne pour la santé mentale
  • Comportements agressifs et violents chez les adolescents – J.-P. Reneric*, M.-P. Bouvard
    Pôle Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, Hôpital Charles Perrens – L’encéphale(2009) Supplément 4, S127–S128
  • Pour Gérer les situation de crise – Publication du comité national de lutte contre la violence à l’école – 01/2002- Ministere de l’education Nationale