A l’association il est fréquent que nous soyons sollicités par des parents dont l’enfant a reçu un diagnostic de TDAH sévère ou atypique ou +++ et pour lequel la prise en charge classique ne fonctionne pas voire même aggrave les symptômes en particulier ceux concernant la labilité émotionnelle, l’anxiété et les idées dépressives. 

On regroupe désormais ces TDAH dans la littérature scientifique sous le terme de TDAH résistant.

Chaque année depuis 20 ans se tient le Congrès de l’Encéphale, inspiré par la revue l’Encéphale créée en 1906. Il est devenu le rendez-vous de la psychiatrie francophone, réunissant chaque année plus de 4 000 psychiatres au Palais des Congrès à Paris.

Cette année il s’est intéressé aux TDAH résistant.

Objectifs : Connaitre les caractéristiques cliniques et les traitements des TDAH résistants.

Au cours de ce symposium ont été  discutés la clinique et le traitement des TDAH résistants. Il a montré en quoi les approches chez l’enfant et chez l’adulte sont à la fois comparables et différentes.

Le TDAH souffre du problème inverse de la bipolarité juvénile.

Le TDAH est considéré comme un trouble de l’enfance et la bipolarité, à l’inverse est considéré comme un trouble de l’âge adulte. 

Pédopsychiatres et psychiatres ne sont  pas toujours du même avis, le psychiatre a l’avantage d’avoir du recul sur l’évolution de son patient.

Nous retenons qu’en cas de TDAH résistant et de mauvaise réponse au methylphenidate, 2 pistes sont absolument à explorer :

• 1 ➡️ ce n’est pas un TDAH. Il faut donc penser à corriger le diagnostic si nécessaire. 

• 2 ➡️ un autre trouble est associé au TDAH. Il faut donc rechercher les comorbidités et les prendre en charge. Cela signifie que le TDAH seul n’est pas la cause de l’ensemble des symptômes. Parmi ces troubles associés figurent les troubles des apprentissages, le TSA (Trouble du Spectre de l’Autisme), les troubles anxieux, le TOP/TC (Trouble Oppositionnel avec Provocation/Trouble des Conduites) la dépression et le trouble bipolaire !

Le Dr Cédric Galéra va plus loin concernant les stratégies médicamenteuses chez l’enfant souffrant de TDAH résistant. Il différencie les comorbidités peu sévères et les comorbidités plus sévères. Selon lui les comorbidités plus sévères doivent être traitées en priorité même si parfois une combinaison médicamenteuse avec le methylphenidate est possible. Il classe le trouble bipolaire dans les comorbidités dites plus sévères.  En cas de trouble bipolaire en particulier, il préconise de traiter en premier le trouble bipolaire (lithium et antipsychotiques de 2ème génération). 

Rappelons que selon les critères du  DSM 5 qui est souvent pris en référence par de nombreux médecins pour poser un diagnostic de TDAH, les symptômes du TDAH ne doivent pas être « mieux expliqués par un autre trouble mental (trouble thymique, trouble anxieux, trouble dissociatif, trouble de la personnalité, intoxication par une prise de substance ou son arrêt) »

Enfin le Dr Nathalie Franc dans les stratégies non pharmacologiques chez les enfants souffrant de TDAH résistant évoque les différents types de guidances parentales :

⁃ La méthode Barkley : cette méthode vise à obtenir un changement de comportement de l’enfant

⁃ La RNV (Résistance Non Violente) : cette méthode vise à obtenir un changement de comportement du parent

D’après notre savoir experientiel, même s’il y a des idées intéressantes dans ces 2 méthodes, aucune n’est totalement satisfaisante concernant nos cyclokids.

Nos ateliers Tandem, atelier de guidance parentale, mis en place par l’association depuis 4 ans, visent eux à modifier le comportement de l’enfant et du parent en faisant équipe ! 

En effet, nous avons constaté qu’à force de crises ou à cause de vivre dans l’angoisse de la prochaine crise c’est le lien affectif qui est le plus abimé quand il n’est pas complètement brisé et qui rend tout changement impossible.

Or c’est ce lien qui permet un bon développement et une bonne santé mentale de l’enfant. Mais le sujet est tout aussi tabou que les troubles psychiatriques de l’enfant : impossible pour un parent de ne plus aimer son enfant, le penser est déjà très compliqué et le dire est inimaginable ! Et pourtant ! 

C’est la première chose que nous faisons lors de nos ateliers : apprendre aux parents et aux enfants à parler la même langue ! Celle des émotions ! ( ne pas s’arrêter au comportement, chercher l’émotion derrière une crise,…). On peut alors commencer à réapprendre à s’aimer pour pouvoir agir ensemble contre (ou avec) la maladie et non plus l’un contre l’autre. 

Même si sur le papier ce symposium est très positif pour la prise en charge de nos enfants reste encore le gros chantier de faire évoluer les critères diagnostic du trouble bipolaire pour les plus jeunes mais aussi celui d’une meilleure connaissance du spectre des troubles bipolaires et en particulier de la cyclothymie au risque de voir nos enfants traités pour dépression et mis sous anti-dépresseur associé ou non au methylphenidate ! 

(Rappel : un antidépresseur ne doit pas être prescrit seul à une personne souffrant de troubles les bipolaires sans protection par un thymorégulateur car il risque  d’entraîner un virage de l’humeur).

Aujourd’hui sont considérés comme souffrant de troubles bipolaires uniquement les enfants présentant une bipolarité « caractérisée » c’est-à-dire ayant fait une crise maniaque typique. 

Le Dr Masson, invité de l’émission « Grand bien vous fasse » avait évoqué sur l’antenne de France Inter en 2018 cette approche unique en la présentant comme un « diagnostic de novice ». 

Il constate qu’en effet un état d’excitation est plus facile à repérer car quand il y a une phase d’excitation typique on fait évidemment le diagnostic beaucoup plus facilement. Et une crise maniaque est tellement typique qu’on ne passe pas à côté du diagnostic à ce moment là. Le risque est alors qu’entre l’émergence des premiers symptômes qui peuvent apparaître chez les jeunes sous forme de troubles du sommeil, ou du trouble du contrôle des émotions, d’une réactivité un peu trop forte jusqu’à une première dépression qui va inaugurer la maladie dans 60% des cas et le diagnostic et la prise en charge il peut s’écouler 8 à 9 ans ! 

Une chose est certaine : le TDAH résistant doit faire réévaluer le diagnostic et/ou la prise en charge ! 

Pour aller plus loin ⬇️

Merci à l’association HyperSuper pour le partage des PowerPoint des intervenants des différentes conférences à consulter juste ici :

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