Impact de la cyclothymie sur la vie familiale

 

La famille d’un enfant cyclothymique est mise à rude épreuve par la maladie elle-même, mais pas seulement. Aujourd’hui la cyclothymie n’est envisagée qu’en dernier recours, après l’éducation, la maltraitance, l’hyperactivité, la dépression, la précocité…

Elle doit affronter le doute généralisé (entourage, enseignants, médecins, services sociaux… ).
La conséquence est que plus d’un million de familles stigmatisées s’isolent, et culpabilisent.
Il faut 6 à 10 ans pour obtenir un diagnostic.

L’enfant est changeant, sur-réagit, est imprévisible. La famille est tenue en échec par les manifestations de la cyclothymie. L’enfant est mi ange – mi démon. Les parents finissent par être désorientés, ne plus savoir ce qui ne va pas. Bien souvent ils ont tenté plusieurs méthodes éducatives, celles-ci fluctuent avec les humeurs et parfois même le père et la mère se renvoient la balle de l’origine des problèmes.
« Ma mère elle change tout le temps les règles» Martin, 8 ans.
« Forcément elle lui cède tout !» Un papa.

La cyclothymie finit par rendre tout le monde dysfonctionnel. Personne n’est serein. Les parents et la fratrie sont stressés en permanence et sont sur le qui-vive. Il est fréquent que la violence s’invite.
«Une fois après une crise, j’ai même souhaité qu’il se suicide, tant pis, au moins tout le monde serait délivré ! » Une maman.

«Mais qu’est ce que tu cherches… Si je suis si nulle comme maman, je vais te mettre à la DASS, je n’y arrive plus, tout le monde souffre ! » Une Maman

«Je ne veux plus me disputer avec mon mari à cause de cet enfant ! » dit encore une autre.

Par peur des crises, les familles s’isolent, n’osent plus aller chez les amis. Elles s’éloignent de leurs familles qui y vont de leurs reproches éducatifs.

« Excuse-moi, je ne me rendais pas compte de ce que tu vivais » Alix, médecin ayant gardé l’enfant de 13 ans une semaine pour un stage.

Les comportements de l’enfant finissent par être si problématiques, que les parents vont consulter un psychologue, deux, trois…. L’enfant sera suivi par plusieurs : au CMPP, en ville.
Rien ne change, ou si peu. Le diagnostic n’est jamais remis en cause.
Du reste l’enfant en a une kyrielle : troubles du comportement, personnalité limite, hyperactif, dépressif, anxieux, précoce….

« Ils me disaient sans cesse : un enfant n’est pas bipolaire ! Précoce on ne peut pas vraiment
dire, mais par contre il faut être plus ferme, madame ! Je ne sais ce que mon fils a bien pu leur raconter, je le punis, je le reprends sans cesse, ils veulent quoi, que je le tape du matin au soir ? »

« A chaque fois que je vais voir le psy, ma fille se tient à carreau, j’en ressors en me demandant si je n’ai pas tout inventé ! »

« J’ai pourtant parlé des antécédents bipolaires dans la famille. Ils m’ont regardé avec un sourire narquois. »

Parfois, les services sociaux sont alertés, mais n’ont pas de solution à proposer. Les
familles se sentent lâchées par les professionnels et finissent par réellement croire qu’elles sont défaillantes. L‘enfant quant à lui pense qu’il est mauvais !

Actuellement, il faut des symptômes sévères pour obtenir un diagnostic : dépression sévère, crise maniaque avec nécessité d’hospitaliser… C’est à dire la conséquence de 6 à 10 ans d’une maladie laissée à elle-même.

Extrait de Cyclothymie. Trouble bipolaire des enfants et adolescents au quotidien – Dr Elie Hantouche,
Barbara Houyvet – Ed JLyon

…/.. Nous avons passé une journée fabuleuse et tout allait bien; soudain, mon enfant rentre dans un état de
rage et menace de tout casser! Mais qu’ai-je fait? Où est le drame? Juste un moment ordinaire où j’ai
probablement joué mon rôle de parent en imposant certaines limites banales comme «éteins ton ordinateur
», «va te laver les dents», ou juste glissé un simple «non» ou un «ça suffit maintenant on rentre à la maison».
Alors des vagues menaçantes, des yeux pleins de larmes et des crises de rage vont surgir et gâcher la fin de la journée. Et à chaque fois, je mets en doute mon rôle de mère et je passe la nuit à ressasser mon attitude…/…

– EN SAVOIR PLUS –

Quelques médecins diagnostiquent la bipolarité juvénile : comme le Dr Hantouche, ou le Dr Kochman.

Bipolarité ou Cyclothymie : Nous avons préféré le terme de cyclothymie pour 3 raisons :

> Cela correspond aux symptômes de l’enfant exactement.

> La cyclothymie est admise par le grand public comme étant naturelle.
Cela permet de ne pas enfermer l’enfant dans le prisme de la maladie mentale et de la psychiatrie lourde.

> Les médecins sont moins rétissents car cela n’induit pas systématiquement le recours aux médicaments. Cela permet plus de souplesse dans la façon d’aborder la maladie et les soins.

=> Quand le diagnostic tombe : Toutes les mamans sont unanimes :
«J’étais certaine que mon enfant avait un problème !»

– Liens –

BICYCLE : http://bicyle.forums-actifs.com/
CTAH : http://www.ctah.eu/
BPKID :http://www.bpkids.org/
BP CHILDREN : http://www.bpchildren.org/

– Bibliographie –

“Cyclothymie – Troubles bipolaires des enfants et adolescents au quotidien”
Dr Elie Hantouche et Barbara Houyvet – Ed J LYON

Sources :

  • Témoignages sur les forums internet