Addictions et cyclothymie

Une personne bipolaire est 7 fois plus susceptible de tomber dans une addiction qu’une personne normale selon l’étude épidémiologique des troubles bipolaires – Pr Rouillon 2009.

Avant de tomber dans une dépendance, on observe souvent des conduites addictives chez l’enfant et particulièrement chez l’enfant cyclothymique (30%).
La conduite addictive est un moyen utilisé par l’enfant pour tenter de rétablir son équilibre interne, de diminuer ses tensions et son mal-être. Tout ce qui va influer sur l’humeur peut devenir addictif et/ou compulsif.

Les premières addictions de l’enfant :

La junk-food, c’est à dire les sodas, les plats préparés, la cuisine fast-food…etc, contient les premières substances utilisées par l’enfant cyclothymique. La junk-food étant activatrice d’hyperactivité, l’enfant peut donc rehausser son humeur en consommant des produits riches en conservateurs, rehausseurs de goût…
La junk-food «bourre» et la sensation de rassasiement calme les tensions psychologiques de l’enfant. Ainsi petit à petit elle remplace exclusivement l’alimentation classique.

« Il est frappant de voir que mon fils quand il est contrarié se rue sur le coca. »

Les jeux vidéo, eux aussi participent à l’élaboration de conduites addictives.
En effet, ils permettent de s’extraire mentalement des problèmes. L’enfant est dans une bulle protectrice où ses tensions peuvent s’apaiser. Mais le jeu vidéo, lui aussi est un activateur cérébral. Il renforce l’ego. Cela revient à rehausser son humeur.

« Bon c’est vrai, j’aime jouer, mais quand je peux plus sortir, que tout le monde en a marre de moi parce que je suis UP, c’est la seule façon que j’ai de ne pas avoir d’ennuis avec les autres, je me défoule sur mon ordi ! »

L’enfant qui d’abord cherche un moyen de… va augmenter peu à peu sa consommation et délaisser les autres activités. Les parents vont être confrontés à des réactions violentes en tentant de freiner. On passe donc d’une utilisation excessive, abusive à une addiction.

Pré-adolescence et première rencontre précoce avec les drogues :

 L’enfant cyclothymique du fait de sa précocité, de son besoin d’assurance, de sa créativité, de sa curiosité et de ses désinhibitions, va avoir tendance à tester les drogues plus tôt. Ainsi il n’est pas rare de voir la 1ère cigarette apparaître dès le CM1-CM2, l’alcool et le cannabis dès la 6ième.

Selon le docteur Samir Chebbi, spécialisé dans les addictions, on assiste aujourd’hui dès l’adolescence et particulièrement pour le cannabis à

  • une massification des usages, la moitié d’une classe de 18 ans.
  • une intensité des usages (produits plus concentrés, utilisation plus fréquente)
  • une précocité des usages : dès l’âge de 14-16ans.
  • une fréquence des polyaddictions (alcool, tabac)

Les parents se trouvent confrontés à une quadrature du cercle difficile à résoudre :

  • Encourager l’autonomie propice à la responsabilisation de l’enfant dans la gestion de sa maladie, c’est également laisser une liberté qui peut, en matière de drogue, devenir dangereuse.
  • Punir c’est punir qui? La maladie? Contraindre c’est agir de manière frontale et activer son TOP (Trouble de l’Opposition avec Provocation).
  • Laisser l’enfant faire ses expériences, l’encadrer tout en sachant qu’il y aura d’inévitables excès.

Prévenir des conduites à risques, cela revient in fine à demander aux parents d’être des «psycho-éducateurs niveau Expert+»
Toutefois, nous préconisons de parler très tôt de prévention et de sécurité aux enfants cyclothymiques. L’éducation prend plus de temps chez eux. Il faut donc longtemps à l’avance faire réfléchir l’enfant et régulièrement lui demander comment il ferait pour ne pas se laisser entraîner, ne pas se mettre en danger…

Quelques points à savoir :

Quand l’humeur est haute, on se sent bien, en pleine forme. On se sent invincible et très joyeux. Tout est possible. Il est bien évident que tous cherchons à être de bonne humeur.
Chez l’enfant cyclothymique qui subit des passages dépressifs, l’arrivée de l’hypomanie est attendue avec impatience. L’enfant, dans son corps, fini par repérer très vite, tout ce qui peut rehausser son humeur.
Les substances addictives en font hélas partie.

Il y a un lien très fort entre rythme circadien et variations des humeurs. La personne cyclothymique voit son
horloge biologique très souvent déréglée et est hypersensible aux petits changements de routine.
L’ordinateur, comme tout écran, empêche l’endormissement.
Le sommeil est LE régulateur d’humeur.

On observe également des conduites addictives / abusives avec :

  • La nourriture
    dans ce cas est liée à la compulsion, le besoin de calmer l’anxiété, le besoin d’hypercontrôle.
  • La sexualité et/ou l’état amoureux
    recherche de bien-être lié aux hormones, aux rapports «flatteur d’ego»
  • Le sport
    La recherche d’adrénaline et d’endomorphine, ce qui revient à se droguer naturellement.
  • Médicaments
    pour leurs substances actives.

 

– EN SAVOIR PLUS –

Liens :

DROGUES INFO SERVICE : http://www.drogues-info-service.fr/

DEPENDANCES – http://www.dependances.gouv.qc.ca/index.php?soutien-parental-type-de-consommateur
Site Quebecois d’aide à la dépendance – conseils parents pour évaluer le degré d’addiction, fiches enfants, ado et jeunes…

ALCOOL ET PARENTS : http://www.alcooletparents.com/index.php/La-consommation-d-alcool-chez-les-jeunes/
Des conseils face aux situations que l’on peut rencontrer. Exemple que faire si votre enfant investi votre placard à alcool…

INSERM : http://www.inserm.fr/index.php/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/addictions

CTAH CONSULTATION ADDICTOLOGIE : http://www.ctah.eu/addiction.php

Bibliographie :

“SOIGNER SA CYCLOTHYMIE – Sept clés pour retrouver le contrôle de soi.”
De Elie Hantouche – Vincent Trybou – Ed Odile Jacob

“J’APPREND A GERER MA CYLCOTHYMIE
Dr Elie Hantouche – Caline Majdalanie – Régis Blain – De JLyon

Sources :

  • Les troubles de conduite chez l’enfant et l’adolescent – INSERM sept2005 – http://www.libertysecurity.org/IMG/pdf/INSERM_trouble_conduites_synthese.pdf
  • Troubles mentaux, depistage chez l’enfant et l’adolescent – dossier de presse – INSERM 2003
  • Thérapie des schémas. Approche cognitive des troubles de la personnalité – Jeffrey E Young – ed de Boeck
  • Les effets de la dépression et de la maniaco-dépression sur les familles – Association canadienne pour la santé mentale
  • Comportements agressifs et violents chez les adolescents – J.-P. Reneric*, M.-P. Bouvard
    Pôle Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, Hôpital Charles Perrens – L’encéphale(2009) Supplément 4, S127–S128
  • Pour Gérer les situation de crise – Publication du comité national de lutte contre la violence à l’école – 01/2002- Ministere de l’education Nationale