Cyclothymie et éducation
On n’éduque pas un enfant cyclothymique comme un autre.
Cela suppose quelques adaptations et connaissances spécifiques, que les parents n’ont pas apprises, sauf à avoir été épaulés par des psychologues.
Les freins à l’éducation :
L’enfant cyclothymique présente une précocité, non pas une surdouance, mais il est malin, comprend vite et fait des liens entre les choses qui le font réfléchir différemment.
Il va donc être en demande de nouveautés, expérimenter les choses plus qu’un autre, prendre des risques. Associer tout cela à de l’opposition, de la désinhibition, de la logorrhée (argumentation sans fin) complique les choses en mettant l’enfant en danger physiquement ou socialement.
L’enfant cyclothymique ne supporte pas la frustration. Cela provoque des «tsunamis» émotionnels le faisant réagir très vivement : crier, se rouler par terre, renverser des objets… Ce qui est fréquent et normal chez un petit de 2 / 3 ans, devient pathologique à 6 / 8 ans, et cela perdure à l’adolescence et même à l’âge adulte.
L’enfant est imprévisible. Alors que tout va bien, tout bascule d’un coup, pour un petit rien, l’enfant se met en colère, a des comportements inappropriés. Les parents sont démunis. Qu’ils soient sévères ou très doux, voir laxistes, la crise arrive et rien n’en vient à bout par les méthodes classiques.
Au départ cet embrasement fait peur à l’enfant. Les parents ne sachant pas qu’il s’agit de cyclothymie, réagissent normalement et vont gronder l’enfant alors qu’il aurait fallu le rassurer.
A force de crises, l’enfant se sent «insécure». La phase maniaque lui fait croire qu’il peut s’en sortir tout seul, qu’il est mieux que les autres, dont ses parents. Dès lors il développe dans une grande majorité de cas un Trouble de l’Opposition (TOP). C’est l’intrication entre éducation et biologie qui active ce trouble.
Les personnes cyclothymiques ont des failles psychologiques.
Sensibilité au rejet – Dépendance affective – Jalousie – Hypersensibilité à la critique – Besoin de compliments
pour avancer – Soucis de plaire – Sentiment d’injustice – Estime de soi variable et peu définie – Besoin de tester les limites – Comportements compulsifs – Anxiété – Peur du futur – Hypercontrôle.
Sur ces sujets ils sont hyper-réactifs et poussés à une mauvaise interprétation des attitudes, paroles, actes des autres.
Il existe encore bien d’autres freins : les TOC, les peurs, l’argumentation sans fin…
Ce qu’il faut retenir c’est que tout est PLUS, TROP, et ce malgré l’enfant qui lui, aimerait être autrement mais ne peut pas.
Eduquer un enfant cyclothymique c’est trouver l’étroit chemin qui va permettre d’équilibrer des forces contraires : gronder sans déprimer, limiter sans démotiver, encourager sans exciter…
Il existe des techniques pour ne pas activer la cyclothymie avec l’éducation, notamment la communication empathique et l’écoute active que les psychologues emploient face à leurs patients.
Cela suppose donc de se faire aider/former en temps que parent, chose que nous encourageons vivement.
EDUQUER UN «PETIT CYCLO» :
Variabilité de l’energie, de la motivation, hypersensibilité, susceptibilité, maladresse…
L’objectif étant de ne pas alimenter ou provoquer la crise, le UP, le Down…
En repérant les signes avant-coureurs pour savoir adapter la gestion de l’enfant.
«Le matin je sais dès que j’ouvre la porte si la journée va bien se passer ou pas»
Pratiquer la communication empathique et de l’écoute active. Savoir différer une conversation, une punition. Si vous le grondez trop fort, il vire d’humeur vers le bas et vous déclenchez une dépression.
Il va également être variable dans sa motivation, sa compréhension…
Il faut donc très régulièrement révisiter des bases : se laver, manger à table, dire bonjour…
L’enfant a des variations d’estime de soi, et comme en UP vous avez tendance à lui «rabattre son caquet» il faut donc régulièrement le féliciter, même si c’est pour avoir daigné desservir seulement son assiette!
Ca parait évident. Mais en pratique c’est vraiment difficile. L’enfant les teste sans cesse et a du mal avec la frustration que cela génère. En up il est champion pour réinventer les règles et argumenter à ce propos sans fin. Si vous ne mettez pas de limite l’enfant laisse libre cours à son UP.
Il existe encore bien d’autres subtilités.
Mais déjà celles-ci représentent une énergie considérable et sont indispensables.
Il est impossible de faire sans, ni même un petit peu.
– EN SAVOIR PLUS –
=> N’ayez pas peur :
La peur est un frein majeur qui bloque tout. Si l’éducation est teinté de « la peur de » elle a toutes les chances d’être inefficace.=> Agir en amont, en prévention :
Encouragez le diagnostic précoce pour améliorer le pronostic à l’âge adulte, pour adapter l’éducation parentale et scolaire à ces enfants particuliers.
=> Dépliants d’informations :
N’ayez pas peur d’en parler.
Demandez à Bicycle de vous faire parvenir ses dépliants « L’association Bicycle « , « Symptômes », « Cyclothymie à l’école ».
Savoir pour agir avec équilibre sans compromettre l’avenir de l’enfant.
– LIENS –
BPKID :http://www.bpkids.org/
BP CHILDREN : http://www.bpchildren.org/
CTAH : Petit guide pour les parents
– BIBLIOGRAPHIE –
« Clinical manual for bipolar disorders in children and adolescent.«
R. Kowatch, M fristad, R Findling, R M Post. – American psychiatric publishing 2009
« Les enfants de l’autonomie »
Jean-Jacques Crèvecoeur – Ed Jouvence Editions.
« La cause des enfants »
Françoise Dolto – ed-Robert Laffont
« Guide de survie pour parent débordés – Le mode d’emploi qui aurait du être livré avec votre enfant » Dr Fréderic Kochman – Ed Archipel
Sources :
- ParentsMedGuide.org – guide de l’AACAP
- « Vivre avec un maniaco-depressif » Dr Christian Gay – Hachette Littérature
- Parents’ Medication Guide for Bipolar Disorder in Children & Adolescents – American Academy
of Child and Adolescent Psychiatry - LES JEUNES ET LE TROUBLE BIPOLAIRE de Patricia Garel, M.D., psychiatre, et François Maranda, M.D., psychiatre, CHU Sainte-Justine – Plaquette association REVIVRE, Canada.
- Le tempérament et son impact sur le développement de l’enfant : commentaires sur Rothbart, Kagan, et Eisenberg SUSAN D. CALKINS, Ph. D. University of North Carolina, ÉTATS-UNIS (Publication sur Internet le 14 novembre 2005)