LES SMILEY - tableau d'humeur à l'école

Le lundi 7 décembre, j’ai parlé à Corentin et sa maîtresse, et je leur ai expliqué que je comptais demander à Corentin de me dessiner un smiley chaque jour, afin de me tenir au courant de ses humeurs et que nous puissions, la maitresse et moi, nous adapter.

J’ai proposé à Corentin 4 smileys : Up, mixte ; Down et OK :

  

Corentin m’a tout de suite demandé d’en ajouter un : le smiley fatigué, il m’a dit qu’il était souvent fatigué, notamment après la cantine et qu’il pensait que se serait bien que je le sache !

 

Nous nous sommes donc mis d’accord sur ces 5 smileys.

La maitresse a tout de suite accepté le test, tout en émettant des réserves : elle pensait qu’il était en effet intéressant de connaître l’état d’esprit de Corentin, mais ne savait pas trop « quoi en faire ». Nous avons toutefois décidé de commencer dès le lendemain. La maîtresse verrait pendant le test ce que lui apportaient les smileys.

Corentin m’a fait savoir qu’il était important pour lui que ses camarades ne voient pas ses dessins, il ne voulait pas que les autres élèves soient au courant, il était gêné par l’idée qu’ils puissent se moquer de sa différence. Pour lui, un dessin sur la table le stigmatisait un peu plus, et il tenait beaucoup à ce que tout cela se passe en toute discrétion.  Nous avons donc décidé qu’un petit carnet serait à sa disposition sur ma table (je suis assise à coté de lui), qu’une page de ce carnet serait dédiée à chaque journée et qu’en début de cours il y dessinerait son smiley. Il était entendu que sa maîtresse passerait voir le dessin du jour, et qu’au dehors de cela, le carnet serait fermé une fois que l’instit et moi nous aurions pris connaissance du dessin, nous avons également décidé que Corentin aurait la possibilité de reprendre le carnet au cours de la journée afin de faire un nouveau smiley si l’humeur avait changé.

Le lendemain, et ce pendant 2 semaines (jusqu’aux vacances), nous avons testé ce dispositif : Corentin me dessinait son smiley,  et selon l’humeur (qui était souvent Up, l’approche des vacances et de noël aidant !!), j’essayais au mieux de m’adapter, de le canaliser et de l’aider à se canaliser.

  1. Comme le smiley n’est pas en apparence sur sa table, la maîtresse a souvent tendance à l’oublier, et à ne pas venir le regarder comme convenu. Nous réfléchissons donc à une manière d’afficher ce smiley au regard de la maîtresse sans que Corentin ne soit mal à l’aise face à ces camarades.
  2. Lorsque Corentin change d’humeur au cours de la journée, il reprend le carnet et fait un nouveau dessin : je suis informée de ce changement, mais concernant la maîtresse, elle ne voit pas forcément ce nouveau dessin…
  3. La maîtresse notait l’humeur de Corentin (quand elle voyait le smiley…) mais ne savait que faire de cette information, elle ne savait pas vraiment comment s’adapter à l’élève, tout en restant  attentive face au 26 autres.
  4. Comme il appartenait à Corentin de faire ses propres dessins, il est arrivé qu’il soit absorbé par la réalisation de smiley, qui pouvait durer très longtemps (5 bonnes minutes) et que de ce fait, il n’écoute ni les consignes ni les explications de la maîtresse pendant ce temps donné, et qu’il se retrouve un peu largué !
  1. Corentin a été ravi de cette initiative, il a été pendant ces 2 semaines très content de se sentir écouté, il l’a d’ailleurs formulé à plusieurs reprises. Dessiner ce smiley avait même un coté un peu libérateur quand il se sentait « sur le point d’exploser », selon sa propre expression. Pouvoir signaler cet énervement participe à le calmer.
  2. Corentin a ainsi pu s’exprimer, mais aussi se rendre compte de ses propres humeurs : le fait de devoir les dessiner lui a permis de réfléchir à son état du jour, et ainsi de pouvoir lui-même, quand par exemple il était en UP, se calmer et se canaliser. Sans les smileys, Corentin ne met pas forcément de mot ou d’image sur ses humeurs, et de ce fait il les subit sans aucun contrôle. Ces dessins lui donnent l’impression de détenir un contrôle sur ses humeurs, puisqu’il est capable de les exprimer. 
  3. Grâce à ses simleys, j’ai pu, en tant qu’AVS, m’adapter au mieux aux humeurs de Corentin. Même si la plupart du temps je me rends compte de son humeur  par son comportement ou son débit de parole, les smileys m’ont permis de déceler des variations ou des subtilités  (comme l’état de fatigue) et de changer mon comportement et ma pédagogie au rythme de Corentin.

Depuis la rentrée, nous continuons Corentin et moi avec ce système, mais afin de l’optimiser, je lui ai soumis l’idée d’un badge qu’il pourrait accrocher à sa trousse, et dont la bouche serait changeante en fonction de l’humeur. Corentin a l’air d’être pour, mais il veut que le badge « soit tip top,  à la mode quoi » !!
Je travaille donc sur l’idée d’un badge tip top pour un enfant de 8 ans, ce qui n’est pas si évident !

Je lui ai proposé également d’ajouter la colère parmi la palette des émotions que nous avons déjà, et Corentin a dit oui sans aucune réserve. Il l’a d’ailleurs déjà utilisé durant ces 2 jours.

Pour finir, je réfléchis a un moyen d’aider la maîtresse à s’adapter aux humeurs de Corentin, sans qu’elle ai le sentiment de changer de comportement face à sa classe.

Céline, AVS.

MODE D'EMPLOI :

L’enfant est en phase excitée : le but calmer la suractivité cérébrale.

  • GARDER SON CALME, il n’y est pour rien et en sentant votre énervement, cela risque d’agraver les choses.
  • Ne pas lui demander des efforts de reflexion : ses idées partent dans tous les sens et sont incontrolables.
  • Lui parler doucement en l’invitant à parler moins fort et à se calmer (Je vois que tu es speed, que puis-je faire qui pourrait t’aider à te calmer)
  • Si possible baisser les stimuli : Bruits et Lumières

ATTENTION :

  • Evitez de lui “rabattre son caquet”, cela risque de déclencher une crise.
    Tentez de lui demander d’être calme. (Ne rien dire si vous êtes énervé)

Quand cela s’empire :

  • NE JAMAIS DISCUTER AVEC LUI : non jamais !
  • EVITER LE CONFLIT
  • Attendez le smiley OK pour en discuter, débrieffer, avec lui.
  • Lui proposer/Imposer d’aller faire un tour POUR se calmer.

L’enfant est en phase dépressive Le but est de l’encourager, de ne pas l’enfoncer.

  • L’encourager en lui rappelant que cela va passer
  • Ne pas lui demander de réciter la leçon, une poésie: il n’a pas acces à sa mémoire.
  • Accepter qu’il fasse ce qu’il peut, même si c’est peu.
  • Ne le grondez pas, il ne fait pas exprès. NDLR :je sais, ça surprend quand l’instant d’avant il semblait si malin, il captait tout si vite.
  • Assurez-vous qu’il prend correctement certaines remarques des autres, les vôtres, qu’il n’a pas d’idées noires.
  • Valorisez-le
  • Ne le laisser pas “psychoter”, avoir des raisonnements erronés

L’enfant est en phase mixte : il est à la fois dépressif et excité

D’une manière générale en mixte : ATTENTION DANGER
Il est prêt à exploser au moindre problème.

QUE FAIRE :

  • Le laisser dans son coin, ça va passer.
  • Fermer les yeux sur son grognonage intempestif pour tout!

– EN SAVOIR PLUS –

Professeurs, instituteurs

Il est utopique de vouloir gérer les humeurs de l’enfant dans une classe de 25 à 30 éleves.
C’est à l’enfant d’apprendre à les gérer.

Par contre vous pouvez l’y aider en ne lui demandant pas l’impossible:
Voir tableau des smileys

Rappelez-vous ça ne se voit pas, mais le handicap est bien présent.

TROP insister face à un enfant cyclothymique, alors qu’il est en fort UP ou DOWN, c’est comme de demander à une personne ayant la cheville foulée de courir.

Le punir alors que l’origine du problème est sa cyclothymie est tout aussi stupide, vous l’aurez compris.

LIENS :

http://www.tesoutils.com/
Site d’outils pédagogiques de gestion des humeurs, de la colère, de la vie en communauté …